Dans le cadre d'une société en pleine mutation, d'un nombre croissant d'étudiants au profil de plus en plus hétérogène (ministère de l'enseignement supérieur, 2021) et de la formation tout au long de la vie, une adaptation de notre système de formation pour faire face à ces enjeux est souhaitée depuis plusieurs années (Bertrand, 2014). Selon l'institution et plusieurs chercheurs (Céci, 2022 ; Coen, 2011 ; Lebrun, 2007), l'une des clefs repose sur l'apparition de pédagogies renouvelées permettant de faire évoluer le modèle, de notre système de formation, vers des unités de temps et de lieux variées, mêlant des approches collaboratives et individualisées et centrées sur les apprentissages plutôt que sur le contenu (Paquelin & Lachapelle-Bégin, 2022). Cependant, le contexte sanitaire qu'a affronté récemment notre pays et la nécessité de continuer à enseigner dans des contextes distants et mêlant présence et distance, a révélé de nombreuses insuffisances. Parmi celles-ci, la difficulté des enseignants à concevoir des dispositifs pédago-numériques (El Mawas et al., 2016), capables d'exploiter pleinement le potentiel de ces modalités spatiales et temporelles (Peraya & Peltier, 2020). C'est ainsi, une ingénierie artisanale ou de crise qui s'est imposée s'opérant – majoritairement – à travers une transposition du présentiel au distanciel, plutôt que par une transition pédagogique (Villiot-Leclercq, 2020). Pour relever ce défi, notre recherche s'intéresse à la question de la conception des dispositifs hybrides. Le terme hybridation polysémique demande à être précisé, c'est une des contributions de ce travail. Nous proposons aussi un modèle d'ingénierie pédagogique spécifique à l'hybridation, une méthode et des outils. Nous recourons à la méthode de conduite de la recherche Traceable Human Experiment Design Research (THEDRE) de Mandran (2018) à la fois pour cadrer ce travail de recherche, mais également pour concevoir et mener les expérimentations.