Discussion générale sur l'évolution du sigle EIAH

Bonjour à tous, chers adhérents et sympathisants de l'ATIEF,

À l'occasion des RJC EIAH, il était prévu une table ronde pour présenter les arguments pour ou contre un changement de nom de la conférence EIAH (Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain).

Les RJC EIAH ayant lieu en mode distant, le groupe de travail qui avait mené l'enquête en 2019 propose de dérouler la table ronde dédiée à cette discussion sur un temps long et de façon asynchrone, afin que les arguments puissent être plus et mieux lus, discutés et mieux diffusés. L'espoir du groupe de travail et du CA de l’ATIEF est que cette formule permette à un plus grand nombre de chercheurs des différentes disciplines, de s'exprimer et de se forger un avis plus éclairé en vue d'une décision à prendre lors de l'AG de l'ATIEF prévue le 12 octobre 2020.

Toute l'équipe de l'enquête (Gaëlle Molinari, Chrysta Pelissier, Elise Lavoué, Christophe Reffay) à laquelle se joignent Eric Sanchez et Nadine Mandran (groupe Epistémo des EIAH) ainsi que le CA de l'ATIEF souhaitent que cette formule nous permette de prendre ainsi une décision mûrement réfléchie lors de l'AG du 12 octobre 2020.

Afin de structurer les débats, nous avons organisé 4 fils de discussion : 

  • Général (ce fil de discussion) : centré sur la décision à prendre sur l’évolution du sigle de la conférence EIAH, incluant des arguments qui ne rentreraient pas dans les 3 thèmes suivants :
  • Identité “EIAH” et pluridisciplinarité ? Quelle reconnaissance scientifique ?
  • Places de la conception et de l’usage dans les recherches sur les dispositifs d’apprentissage intégrant des “environnements numériques”
  • Environnement Informatique ou Numérique : Quels enjeux dans le contexte de l’éducation ?

Techniquement : 

Comme vous l’avez constaté (pour arriver jusqu’ici), il faut que vous soyez “connecté” (authentifié) sur le site de l’ATIEF pour pouvoir accéder au forum de discussion via le menu “Activités”/”Forum Table Ronde de l’AG”. 

Pour contribuer à l’un des 4 fils de discussion et donc répondre au message d’ouverture du fil, il faut cliquer sur “commenter”. En revanche, pour répondre à l’une des contributions (imbriquées), il suffit de cliquer sur “répondre” (à la fin du message concerné).

Je vous invite chaleureusement à ouvrir la discussion sur la question suivante :

Pensez-vous qu'il faille conserver ou au contraire modifier le sigle EIAH et sa définition (Environnements Informatiques pour l'Apprentissage Humain) et pourquoi ? 

L'origine de cette question vient du déséquilibre des forces en présence dans la communauté (grande majorité d'informaticiens et minorité de Sciences Humaines et Sociales) et de la mouvance informatique versus numérique, ce qui a fait naître la suggestion de faire évoluer cette appellation vers une formule plus englobante, pour faire plus de place aux SHS. Les résultats de l’enquête sont accessibles dans le compte-rendu de l’AG issue de EIAH’2019 ici.

Je profite de ce message aussi pour adresser mes félicitations aux organisateurs scientifiques (Amel Yessad et Sébastien Jolivet) et logistiques (Christine Michel) et toutes celles et ceux qui ont contribué à la réussite de cette édition "spéciale" !
Enfin, je renouvelle mes remerciements à Gaëlle, Chrysta et Elise qui m’ont accompagné sur l’enquête initiale, et pour finir à Gaëlle avec qui nous avons organisé les thèmes pour l’ouverture de ces fils de discussion.

La parole est à vous : n'hésitez pas à questionner, étayer, argumenter... nous aurons besoin que cette discussion ait mûri pour notre décision de l'AG du 12 octobre 2020 !

Au plaisir de vous lire, avant de vous revoir…
Christophe Reffay.

 

Suite à l'enquête de 2019 de l'ATIEF sur le changement de nom pour la conférence "EIAH", j'avais donné cet avis que j'ajoute à cette discussion.

EIAH est ma dénomination préférée parmi celles proposées (voir les propositions dans le lien donné par Christophe) :
- il explicite informatique
- il explicite apprentissage humain, en opposition à apprentissage machine/automatique
- environnement est suffisamment large pour ne pas se réduire aux applications et englober l'environnement matériel/réseau/système/etc
- il est connu maintenant
Ses défauts
- c’est historiquement une variation de EIAO lui-même une variation de EAO
- environnement est assez flou

A mon avis moins on change mieux c’est (exemple IHM 30 ans de stabilité, et d’autres). EIAH est établi et repérable.

Si on doit changer, c’est que le sigle pose problème sur le fond et qu’on ne s’y reconnait plus. Il faut donc identifier ce en quoi on se reconnait :
- Interactif ne convient pas : quel système ne l'est pas ? Interaction non plus, ce n’est pas central comme apprentissage.
- Humanités numériques c'est trop large = sciences humaines supportées par le numérique, nous c’est seulement l’enseignement/apprentissage
- ENA : on perd l’humain, à l’heure du développement de l'apprentissage automatique c’est une erreur
- NAH, et tous les sigles sans Environnement : évacue le développements des nouveaux systèmes -> est-ce que l’étude des usages de moodle de base est dans notre champ?
- ENAH : numérique est l’appellation moderne d’informatique mais peu de valeur ajoutée par rapport à informatique par rapport au coût du changement, et contour plus flou

Tant qu’à changer autant utiliser un nom déjà connu et simple. Mais y en a-t-il un à part e-learning?
Revenir au basique EAO (Enseignement assisté par ordinateur) serait-il trop vieillot? D’autres similaires ont survécu comme PAO, EXAO, CAO.
En résumé garder EIAH.

C'est curieux de vouloir que cette opposition apprentissage humain versus machine puisse continuer à apparaître dans un sigle. Une telle opposition ne concerne que l'informatique et pour une conférence pluridisciplinaire qui s'adresse à l'éducation, cela fait sens que l'apprentissage visé est l'apprentissage humain. Ensuite, si je suis d'accord de garder le mot "informatique", dans le sigle, pour moi, l'associer au terme "environnement" dénature complètement ce dernier. L'environnement n'est pas informatique : il est humain, soutenu par l'informatique. 

Je suis d'accord que nous considérons un environnement qui rassemble à la fois les humains et l'outil informatique, et que l'informatique est là pour soutenir les humains. Le terme "environnement informatique" avait été introduit pour englober l'ensemble des outils qu'on pourrait aujourd'hui qualifier de numériques, et pas seulement l'ordinateur comme dans EIAO.

Pour ce qui est de la nécessité de distinguer l'apprentissage humain de l'apprentissage machine, c'est encore plus vrai aujourd'hui qu'en 1998, avec l'essor du "machine learning". Autant il est important d'entendre les inquiétudes des chercheurs en SHS qui sont à l'origine de cette discussion intéressante, autant il faut aussi entendre le problème des chercheurs en informatique qui sont obligés de préciser sans cesse que lorsqu'ils parlent d'apprentissage, il ne s'agit pas d'apprentissage machine.

Ce qui ressort des travaux du GT épistémologie c'est que les environnements informatiques sont aux coeur de nos travaux comme moyen de réifier des modèles théoriques de l'informatique ou des SHS sous la forme d’outils utilisables dans un contexte donné.  Ces outils peuvent alors être mis à l'épreuve lors d'expérimentations en contexte (e.g. salle de classe) ou faire l’objet de tests en laboratoire (e.g.benchmark). Ceci a tendance à plaider pour garder l'idée d'environnement informatique dans notre sigle. Néanmoins, le vocable "numérique" semble plus répandu auprès de la communauté SHS et la proposition qui consiste à adjoindre au sigle EIAH un sous titre faisant référence au numérique éducatif nous semble aller dans le bon sens (celui qui permet à tout le mode de retrouver les mots clefs de sa communauté).

N. Mandran et E. Sanchez pour le GT Epistémologie

Un message qui ne fera pas avancer le débat en termes de proposition, mais qui résulte de mes constats (subjectifs donc) après 6 ans de travaux en EIAH.
Le sigle n'est pas établi et repérable sauf dans la communauté et ses plus proches voisins: j'ai dû systématiquement l'expliquer auprès des industriels et collègues chercheurs en dehors des EIAH (à quelques très très rares exceptions). TEL semble être plus connu et passe un peu mieux, bien que je n'en sois pas très satisfait non plus.
Sur la forme, le sigle comporte trois voyelles successives trop difficilement prononçables lettre par lettre, et non prononçable en tant que "mot" ce qui n'est pas bon sur l'aspect communication et diffusion du sigle. De plus, le nombre de fois où j'ai lu ou entendu EAIH, AEIH.....
Sur le fond, la réflexion de Desmoulins est très intéressante en cas de changement et mérite le débat. J'ajoute donc que je me questionne sur le fait d'avoir un sigle qui reflète vraiment tous les aspects des EIAH. En effet, TEL semble être adopté à l'international (je ne le vends toujours pas), mais il n'y a pas "Humain" à l'intérieur de ce sigle. La notion d'environnement peut aussi être très importante dans l'IHM sans pour autant que ce terme apparaisse dans le sigle. Il n'est pas bon pour moi de chercher un sigle reflétant tous aspects des EIAHs tant ils sont trop nombreux (ce qui fait aussi sa richesse) pour en faire un sigle complet, court, prononçable et mémorisable.

Dans les instances d'évaluation ou je participe (HCERES, ANR, CNU,...) le sigle est maintenant bien connu et d'ailleurs est dans les mots clés.

Je ne vois pas d'avantage de le changer par numérique. Quand le nom numérique ne sera plus à la mode on va devoir encore changer. Je vois plutôt un inconvénient et un risque pour les évaluations de nos labo, doctorants, etc... Si le nom est changé l'ATIEF devra s'assurer que tous les instances sauront suivre ce changement une fois encore...

Je veux rebondir sur l'argument selon lequel le changement de sigle pourrait avoir des répercutions négatives sur l'évaluation des laboratoires affiliés à ce domaine. Je comprends la crainte derrière cet argument. Toutefois, sauf erreur de ma part, il s'agit d'un problème lié à l'évaluation des laboratoires français. Qu'en est-il des autres laboratoires francophones? Se reconnaissent-ils dans ce sigle? Ce sigle est-il reconnaissable par leurs instances d'évaluation? 

Effectivement, c'est important de connaitre le positionnement des autres laboratoires non français. Le sigle EIAH a des conséquences négatives ou positives ? Est-il reconnu ?

Dans le cas de la France le sigle apparait dans les instances d’évaluation (avancement de carrière, évaluation des dossier pour pouvoir avoir la qualification et accéder à des postes à l’université, évaluation de laboratoires,…).

 

EIAH est trop connoté informatique (d'où, entre autres, la réticence de certains chercheurs issus des SHS qui ne s'y reconnaissent pas). Le mot "Numérique" est compris par tout le monde, est plus général (par exemple cela inclut l'usage de ressources comme les vidéos,...) et englobe l'informatique, a moins au niveau des usages.
"Numérique" est compris non seulement par les professionnels mais aussi par le grand public. En dehors de notre communauté, parler d'EIAH ne fonctionne pas. Personnellement, quand je veux parler de mon domaine de recherche, je dis "numérique pour l'éducation".
L'inconvénient est que dans le monde de la recherche francophone, EIAH est connu mais en 2 ou 3 ans, je pense qu'un nouveau nom sera connu et apprécié par tous (TEL n'a pas mis longtemps à être connu et technologie est de fait plus large qu'informatique). Si on change, les 2 ou 3 premières années, on pourra si besoin mentionner la filiation (mais EIAH a déjà disparu dans le descriptif des sections 6 ou 7 du CNRS). Même le ministère de l'éducation a créé une entité "Direction du Numérique pour l'éducation" et pas "Direction de l'Informatique pour l'Education", appellation qui sonnerait bien mal et effectivement ne représenterait pas du tout ses objectifs (alors que c'est bien essentiellement la communauté EIAH qui anime les groupes de travail.
Une proposition parmi d'autres : NEF : Numérique pour l'éducation et la Formation.
Pas d’ambiguïté avec l'apprentissage machine, et cela montre que les préoccupations ne sont pas seulement liées à la formation initiale mais englobe la formation tout au long de la vie.

Je suis plutôt d'accord avec vos arguments. Environnements Informatiques pourrait à l'extrême même laisser penser qu'il s'agit d'enseigner la programmation, vu qu'à présent on emploie le terme de "numérique" (proscrire "digital") pour tout ce qui relève des outils qui utilisent l'informatique et non la science informatique elle-même. NEF sonne bien et est court, seul bémol, il s'agit d'un nom commun et sera de ce fait difficile à trouver via une recherche simple ...

Je rejoins l'argument même si je pense que le terme "numérique" peut rendre encore plus "flous" les objectifs de la communauté. Pour moi, ces derniers sont principalement la conception par la recherche d'environnements numériques (puis l'évaluation de ces environnements ainsi conçus) et cette conception par la recherche nécessite la collaboration étroite entre informatique et SHS. J'ai participé à ces grosses messes du numérique (TIC et compagnie), et dans ces événements, les technologies ne sont pas toujours conçues par la recherche. Donc, ma question : comment le sigle peut mettre en avant cet aspect de conception par la recherche?

Je suis tout à fait d'accord avec cette notion de "conception par la recherche d'environnements numériques", qui nécessite effectivement à la fois des chercheurs en informatique et des chercheurs en SHS. Il faut effectivement que nous puissions nous distinguer des événements dans lesquels les technologies ne sont pas conçues par la recherche. Cyrille Desmoulins posait la question "est-ce que l’étude des usages de moodle de base est dans notre champ?". Je crois que les avis sont partagés sur ce point, mais on pourrait répondre "oui, si l'étude de ces usages nous permet ensuite de concevoir des outils numériques qui apportent davantage aux apprenants et aux enseignants". Je rejoins ainsi la position exprimée par Gaëlle dans l'introduction du fil "Conception et Usage pour apprendre avec le numérique"

 

Bonjour à toutes et à tous,

Je suis également d'accord avec les messages qui précèdent..."trop connoté informatique".

Je suis doctorante en Sciences de l’Éducation, spécialisée dans la formation à distance des adultes. Au moment où nous avons tous été sollicités pour répondre à l'enquête 2019 de l'ATIEF, j'avais émis un avis concernant le changement (ou non) de nom pour la conférence EIAH.
J'avais alors indiqué que l'initiative me semblait très pertinente, notamment pour les chercheurs qui, comme moi, ne sont pas issus directement de l'informatique... et j'en suis toujours convaincue !
En effet, avant de connaître EIAH, je pensais que cette conférence ne concernait pas vraiment les Sciences de l’Éducation, le terme "Informatique" renvoyant inévitablement au traitement automatique de l'information, aux algorithmes, en somme aux machines. Si j'ai connu cette conférence, c'est grâce à mes collègues mais il est clair que sans eux, je ne l'aurais pas privilégiée à cause de l'image qu'elle dégage d'emblée...

Il me semble en outre important de réfléchir/repenser aux objectifs de cette conférence :
Quelle est son utilité ? Pour qui/quoi est-il pertinent qu'elle œuvre en premier lieu : pour l'humain qui doit s'adapter à la machine (quid alors des évolutions technologiques immenses depuis ces dernières années ?!) ou bien pour la machine qui doit évoluer pour s'adapter à l'humain ?

En espérant que cette réflexion collective contribue aux décisions qui doivent être prises à l'AG d'octobre.

Sonia Androwkha

Je suis d'accord avec Sonia sur de l'importance de mieux identifier les objectifs de la conférence et à travers cette démarche voir dans quelle mesure un changement de sigle est nécessaire. Je suis en train de lire le très bon ouvrage d'une collègue Suisse Isabelle Collet "les oubliées du numérique" qui s'interroge sur la sous-représentation des femmes dans les métiers de la Tech. Je ne savais pas qu'ordinateur était défini par le littré comme un adjectif désignant Dieu mettant de l'ordre dans le monde. 

Heureusement qu'en 1998 nous avons modifié le sigle pour remplacer ordinateur par informatique alors ! :-)

Je suis d’accord que le sigle EIAH n’est pas facile à prononcer, et je comprends que le mot informatique peut ne pas convenir à tous les chercheurs de la communauté. Pour moi il n’y a pas de différence entre numérique et informatique, mais je comprends que cela puisse être le cas et le terme numérique ne me pose pas de problème. Moi aussi lorsque je parle à des industriels j’utilise souvent “numérique pour l’éducation”.

Cependant nous parlons ici du nom de notre conférence, et le terme EIAH est maintenant identifié au niveau national (CNU, HAL, etc), un changement de nom ferait perdre cette visibilité acquise au bout d'années de travail. 

Il me semble que le jeu n'en vaut pas la chandelle.

Je n’ai surtout pas vu de proposition de nom qui me paraisse meilleur, c’est-à-dire dont le sens reflète bien les travaux de recherche de notre communauté tout en étant prononçable et mémorisable.

 

S'il est nécessaire de caractériser plus explicitement le champ de la conférence, un sous-titre serait peut-être une meilleure solution. Par exemple : “EIAH 2021 : la conférence pluridisciplinaire francophone pour le développement du numérique dans l'éducation et la formation” (ou toute autre formulation qui conviendra à l’ensemble de la communauté).

Je partage l'idée de ne pas changer le nom de la conf en raison des différents arguments avancés par Nathalie, Vanda, Cyrille et d'autres dans les différentes contributions. En particulier car je n'ai pas vu passer de choses beaucoup plus satisfaisantes. De plus, si dans les discussions "grand public" on utilise effectivement assez facilement des formules comme "numérique pour l'enseignement / l'éducation / la formation..." je pense que ce n'est pas forcément satisfaisant pour délimiter le contenu / les axes d'une conférence. Certes le ministère de l'EN a actuellement une DNE, mais c'est après avoir parlé de TIC, de TICE, de TUIC et plein d'autres termes et en attendant le prochain terme, sachant que leur visée n'est pas de définir un champ scientifique mais de porter une orientation et des choix politiques (au sens large) en matière d'éducation. Par contre, quand on s'adresse par exemple à des étudiants ou à des chercheurs d'autres disciplines, il me semble bien d'avoir un terme différent de la com ministérielle à introduire, car ce qui fonde les travaux de la communauté c'est d'être orientés par la recherche. Il me parait plus simple d'avoir deux termes pour deux approches, et expliquer qu'on peut regarder des objets communs mais de manières différentes, plutôt qu'un terme dont il faudrait commencer par expliquer qu'il a deux sens. Enfin, si j'entends les remarques faites par des collègues SHS sur la difficulté à faire comprendre et savoir que les travaux d'EIAH intéressent nos communautés (constat largement partagé en didactique) il ne faudrait pas qu'un effet de balancier produise un effet contraire avec un nom du style "numérique éducatif" qui pourrait, à terme, laisser croire aux informaticiens qu'on ne s'intéresse par exemple qu'aux usages. En résumé je propose moi aussi de conserver EIAH comme nom de la conférence avec un sous-titre qui va bien.

J'ai relu le CR de l'AG ATIEF 2019 (très complet sur ce sujet, merci aux auteurs, je conseille d'y retourner) et les contributions à ce Forum.
Il y a des difficultés récurrentes qu'il nous essayer de surmonter (déjà essayé, je sais, mais...100 fois sur le métier remettez votre ouvrage...ce n'est pas de moi!), notamment
- le mot informatique qui fait penser aux collègues de SHS que c'est une conférence d'informaticiens, si c'est vraiment bloquant pour eux, passons à Interactifs, certes ce n'est pas informatif, mais l'explication pour le changement serait de favoriser la collaboration interdisciplinaire nécessaire au lieu de la bloquer
- le sigle EIAH n'est pas connu en dehors d'une petite partie du monde académique, certes, mais c'est vrai de la plupart des sigles et c'est normal de parler de numérique et éducation quand nous sortons de nos chapelles et de préciser selon les interlocuteurs les aspects conception - modélisation - usages ou autres. En revanche je ne vois aucune proposition miracle, et dans ce cas ne pas introduire un sigle nouveau me semble la bonne décision, car il est quand même un peu connu. Expliciter avec "la conférence pluridisciplinaire francophone pour le développement du numérique dans l'éducation et la formation” comme proposé précédemment devrait aider.
- les relectures non conformes à nos objectifs, cela doit être corrigé avec l'expérience acquise par les collègues qui affectent les papiers à des lecteurs et notre vigilance collective.
- il y a toujours des interrogations sur notre champ scientifique et nos objectifs.... Cela me paraît normal, ce qui me paraît important c'est d"identifier les questions et méthodes de recherche intéressantes par rapport à l'évolution des savoirs dans les différents disciplines composantes et l'évolution des contenus et formes d'apprentissage/enseignement dans nos sociétés. Il me semble qu'il faut être plus vigilant sur la qualité des travaux que sur les frontières et rester réceptif aux nouveautés dans une conférence ou une revue.

Des pistes, en plus de ce qui est en route dans les groupes ATIEF (sans doute trop tard pour EIAH 2021, mais les participants pourraient y travailler):
- Cibler la publicité EIAH sur les labos et doctorants francophones non touchés par les listes ATIEF
- Identifier les thématiques sur 2 ans de TEL, AIED, XXX, YYY (à désigner par les collègues de SHS) comparer avec les soumissions à RJC EIAH et EIAH
- Refaire une école d'été qui déboucherait sur un ouvrage numérique auquel chacun pourrait se référer pour expliciter les fondements de notre champ scientifique

Je rejoins tout à fait l'avis de Monique, et tout spécialement le besoin de situer les contours de la communauté EIAH par rapport aux thématiques abordées par d'autres revues et conférences à l'international AIED, LAK, EC-TEL... Cela nous permettrait de mieux nous définir, avec une vision prospective des enjeux à relever et aux thématiques en EIAH à encourager au niveau national, que le terme "informatique" ou "interactif" soit finalement adopté.

Bonjour,
je reviens vers vous à propos de la discussion lancée sur le nom de la conférence EIAH et, surtout, les questions associées qui sont posées. Je partage ici quelques idées en relations avec les points évoqués qui sont à la fois difficiles et intriqués.

Le nom
Je  perçois deux raisons importantes pour en changer : une raison scientifique qui en gros est que ce nom ne reflèterait pas le domaine revendiqué, une raison politique qui serait le "rejet" par les disciplines de rattachement principal (au sens de l'organisation de la science en France) ce qui conduit à des blocages de carrières ou des difficultés de financement. Cette seconde raison est importante parce qu'elle est vitale, mais elle masque souvent des enjeux de compétitions qui n'ont rien de scientifique (pénuries de moyens, territoires, etc.)
Ainsi des disciplines de l'informatique prendront prétexte "apprentissage humain" pour rejeter le domaine cependant que des disciplines des SHS prendront le prétexte de "environnement informatique". Il n'y a aucun moyen sûr de gagner à ce petit jeu. Par exemple, "numérique éducatif" rabattra sur la technologie comme produit et sur l'éducation "scolaire" alors que toute forme d'apprentissage humain est visé, etc. 
Je me suis posé la question du nom en reprenant son histoire et le contexte international, voir le papier dans STICEF. Ce nom aujourd'hui reste à l'écart des mouvements de la mode et des courants politiques, il décrit non des disciplines mais un dispositif et une finalité. Il a bénéficié d'une assez bonne reconnaissance en des temps anciens, c'est plus difficile aujourd'hui essentiellement pour des raisons de politique scientifique et de rapports de force.
Je remarque que le I de "informatique" fait figure d'épouvantail, pourtant...
Je soutiendrai que l'informatique n'est pas une discipline mais un ensemble de disciplines en forte interaction ; les disciplines scientifiques se distinguent par les formes acceptées de "preuve" de la validité d'un énoncé ou d'un artefact -- quels rapports entre démonstration automatique et robotique ? En revanche l'informatique se fonde sur une problématique scientifique partagée, celle de la modélisation et de l'automation de la réalisation de tâches complexes, toutes les disciplines au sein de l'informatique partagent cette problématique.
Ma position sera finalement assez simple : s'il est attesté que le nom est un obstacle alors que les travaux ont une réception positive par les communautés disciplinaires et la communauté internationale auxquelles nous appartenons, alors il faut le changer. Si ce n'est pas le cas alors il faut aller plus loin dans l'analyse. Voyons...

Scientificité et pluridisciplinarité
La question de la "scientificité" telle que je l'ai lue renvoie à celle de la validité de nos déclarations, modèles, "preuves" de concept, artefacts. Je pense qu'il ne peut y avoir de réponse qui soit commune à tous les domaines. Cette situation est la même pour l'informatique (voir ci-dessus) et pour les SHS qui inclut aussi bien la psychologie que l'économie, le droit que les arts. Les sciences de l'éducation font classiquement partie des SHS, elles rassemblent elles mêmes des disciplines "scientifiquement" très différentes.
En revanche il doit être possible de déterminer la problématique qui nous rassemble, celle --  à débattre -- de la modélisation de dispositifs à créer ou existants (repositionnés) totalement ou partiellement autonomes, et de leur usage pour permettre un apprentissage déterminé ; ici apprentissage contient le concept d'enseignement. Cette problématique est complexe au sens de la multiplicité des problèmes qu'elle inclut, de leurs interactions, de l'hétérogénéité épistémologique et méthodologique des réponses qui peuvent leur être apportées.
La détermination de cette problématique peut s'appuyer sur un corpus qui permet sa connaissance en extension et sans dogmatisme ; pour cette raison j'ai apprécié la présentation très ouverte du colloque jeunes chercheurs. Pour toute recherche au sein de cette problématique nous devrions savoir identifier les contributions des disciplines, leurs interactions, ce qui dans
leur contribution tient à la spécificité de la problématique et ce qui relève de leur cœur disciplinaire dans la façon dont elles travaillent.
Saurions-nous nous mettre d'accord sur les résultats, modèles, principes ou prototypes marquants au cours des 25 dernières années ? et pour chacun (1) identifier les apports disciplinaires, les apports inter-pluridisciplinaires, (2)  expliciter les critères de validité (théorique, expérimental, empirique). Faire cet exercice nous fera avancer à la fois sur le terrain de la "scientificité" et sur celui de la pluridisciplinarité ; le plus difficile sera de se garder des polémiques sans écarter des débats vigoureux.

Question : quel serait le sommaire d'un enseignement de M2 sur le thème EIAH ?

Pour conclure ce courriel [post] trop long
Le mot le plus important dans EIAH est invisible, c'est "pour". Au cœur des problèmes que nous cherchons à résoudre il y a cette orientation, cette polarisation : pour l'apprentissage. Qu'il s'agisse de concevoir ou utiliser des dispositifs autonomes ou des instruments pour l'enseignement, des scénarios ou des principes pour leur mise en œuvre, il y a au bout de tout cela celui ou celle qui apprend. Contrairement à la plus grande part des dispositifs au service de l'utilisateur humain, un EIAH ne doit pas être robuste face aux contingences de l'action humaine -- robustesse qui peut prendre la forme d'une capacité d'adaptation -- il doit susciter l'évolution des connaissances, compétences ou attitudes de l'apprenant.e. Cette évolution doit être congruente à l'intention d'enseignement ou de formation ou d'autodidactie.
Au fond, ce dernier paragraphe serait plutôt un point de départ

Amicalement
Nicolas Balacheff
 


Dernière mise à jour : 23 juin, 2020 - 08:09