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Volume 28, Numéro 3
Technologies pour l’apprentissage de l’Informatique de la maternelle
à l’Université
Editorial
Laetitia BOULC'H (EDA, Université Paris Descartes), Julien BROISIN (IRIT), Yvan PETER, Yann SECQ (Université de Lille, CNRS, Centrale Lille,
UMR 9189 CRIStAL)
Ce numéro spécial « Technologies pour
l’Apprentissage de la Pensée Informatique de la Maternelle à
l'Université » est le résultat d’une belle
aventure démarrée en 2017, qui a pu se développer
grâce à la communauté EIAH.
En effet, fin janvier 2017, les rendez-vous ORPHÉE
(http://www.atief.fr/content/orphee-rendez-vous-2017-0) ont accueilli plusieurs
ateliers dont celui intitulé « Apprentissage instrumenté
de l’informatique » qui a regroupé une quinzaine de
personnes d’horizons différents, mais partageant la même
préoccupation au sujet de l’enseignement de l’informatique.
Ce petit groupe a commencé à faire connaissance, partager leurs
projets et identifier des points critiques pour le passage à
l’échelle de l’enseignement de l’informatique, un peu
avant sa réintroduction dans les programmes scolaires. Cette
nouveauté dans les programmes allait fondamentalement poser la question
de la formation des nombreux collègues qui seraient chargés de son
enseignement dans les cycles initiaux du primaire jusqu’à
l’université. À l’issue de ces trois jours
d’échanges, la question des suites éventuelles à
donner s’est posée. Quelques-uns d’entre nous se sont
mobilisés pour proposer un atelier lors de la conférence
EIAH’17 à Strasbourg qui a constitué la première
édition des ateliers « Apprentissage de la Pensée
Informatique de la Maternelle à l’Université » (APIMU, 2017) au
sein de la communauté EIAH. Regroupant vingt-cinq participantes et
participants, cette rencontre strasbourgeoise a donné lieu à de
nouveaux et enrichissants échanges qui ont permis d’élargir
le cercle initial formé initialement lors des rendez-vous ORPHEE.
Fort de cette dynamique grandissante, la proposition d’un
deuxième atelier APIMU en 2018 (APIMU, 2018) lors
des RJC-EIAH’18 s’est concrétisée par une nouvelle
session qui a regroupé cette fois-ci une vingtaine de
collègues.
L’année 2019 a permis un ancrage plus formel au sein de
la communauté EIAH, grâce à la mise en place d’un
groupe de travail GT-APIMU au sein de l’ATIEF
(http://www.atief.fr/content/gt-apprentissage-informatique). L’objectif
principal des personnes impliquées dans ce groupe, est le
développement et l’animation de cette communauté
(re)naissante de collègues préoccupés par
l’enseignement de l’informatique, soit de par leurs pratiques, soit
de par leurs recherches. Cette dualité de préoccupations nourrit
une riche dialectique dans la dynamique des échanges et débats
entre collègues issus de la communauté EIAH et plus
spécifiquement de l’informatique et des sciences de
l’éducation. La troisième édition de l’atelier
APIMU (APIMU, 2019) lors
du colloque EIAH’19 a regroupé cette fois-ci plus d’une
trentaine de collègues, à un moment où nos
préoccupations faisaient écho à la réintroduction de
l’informatique dans les programmes scolaires en France ainsi que dans
certains cantons romands suisses. Cet atelier a également permis
d’évoquer le Diplôme Inter-Universitaire (DIU)
« Enseigner l’Informatique au Lycée »,
initié par des membres d’APIMU avec d’autres collègues
et qui a été reconnu par le Ministère de
l’Éducation Nationale pour la formation continue des enseignants de
la nouvelle spécialité « Informatique et Sciences du
Numériques ».
L’année 2020 aura été marquée par
l’absence d’atelier APIMU afin de nous concentrer sur
l’organisation d’un temps fort de la communauté en didactique
de l’informatique francophone : la conférence du colloque
Didapro 8 à Lille (https://www.didapro.org/8/). En effet,
parallèlement aux ateliers APIMU au sein de la communauté EIAH, un
autre courant cherchait à maintenir vivant l'intérêt pour
l'enseignement et l'apprentissage de l'informatique, notamment au sein des
colloques Didapro (colloques francophones de la didactique de
l’informatique). La dernière édition ayant eu lieu en 1996
(juste après la disparition de l'option informatique des lycées
français), le colloque Didapro de 2003, visait à
« présenter des contributions de chercheurs investis dans
l'enseignement des outils bureautiques, de formateurs concernés par les
problèmes didactiques rencontrés et de professionnels de la
publication ou de chercheurs en typographie numérique » (argumentaire du premier colloque Didapro, 2003).
Les différentes éditions du colloque depuis cette date affirmaient
en substance, alors que l’école ne parlait plus du tout
d’apprendre l’informatique mais uniquement de
« l’outil informatique », que même les outils
logiciels ont besoin d'être appris et que ces apprentissages peuvent
être étudiés par des chercheurs en éducation, en
informatique et d’autres disciplines. Le retour, de plus en plus
affirmé dans l’école française, d’enseignements
scolaires de l’informatique, jusqu’à l’introduction
récente de spécialités, options et plus encore de concours
de recrutements, a progressivement conduit à une centration moins nette
des colloques sur les usages des progiciels et leurs apprentissages
afférents, pour traiter un plus large éventail de questions
liées aux usages et technologies pour la didactique de
l’informatique.
Le colloque Didapro8 2020 se situait donc au confluent de ces deux
courants, l’usage de l’informatique en éducation et la
didactique de l’informatique, et marquait de ce fait, une étape
dans la reconstruction d'un champ scientifique étudiant l’ensemble
des problématiques liées aux contenus, savoirs en jeu,
activités intégrant l’informatique, de l'école
maternelle jusqu'à l'université. Ce colloque a cristallisé
les fortes dynamiques autour de ce renouveau de l’informatique scolaire
avec pas moins de 250 participantes et participants et plus de 20 ateliers lors
de la journée d’ouverture.
Ce numéro spécial est fortement induit par cette édition
2020 du colloque Didapro. Il rassemble une sélection de travaux de
recherche, en informatique et sciences humaines et sociales, en lien avec une
thématique centrale de la revue STICEF, celle de l’instrumentation
des apprentissages. Mettant l’accent sur les principaux défis
actuels et futurs de l’apprentissage et l’enseignement de
l’informatique de la maternelle à l’université, il
permet de réfléchir aux aides que les technologies peuvent
apporter pour la formation initiale et continue des enseignants du primaire, du
secondaire et du supérieur qui s’intéressent aux outils et
approches pédagogiques innovantes susceptibles de soutenir les apprenants
dans leur apprentissage de l’informatique.
Les deux premiers chapitres se focalisent sur l’enseignement de
l’informatique à l’école maternelle. Le texte de Katell Bellegarde, Julie Boyaval et Julian Alvarez s’intéresse aux
médiations cognitives à l’œuvre dans les dispositifs
pédagogiques visant à initier des élèves de
maternelle (5-6 ans) à la robotique et à l’informatique. Il
permet de comprendre comment les instruments influent sur l’agir
enseignant. Celui de Marielle Léonard, Yvan Peter, Yann Secq, Julian
Alvarez et Cédric Fluckiger présente un dispositif
pédagogique destiné à initier des élèves de
même âge (5-6 ans) à la notion de répétition en
insistant sur la capacité d’identification de motifs. Ces auteurs
montrent comment il est possible d’introduire cette notion de
répétition dès 5 ans, à la condition de contourner
les difficultés liées au repérage spatial. L’article
permet aussi de comprendre comment les enseignantes et enseignants de maternelle
formés à la pensée et aux concepts fondamentaux en
informatique peuvent plus facilement s’approprier et faire évoluer
les dispositifs pédagogiques.
Les chapitres suivants focalisent leur propos sur le niveau
élémentaire et plus particulièrement le cycle 3 et la
transition école-collège. Olivier Grugier montre de quelle
façon des élèves de CM1 (9-10 ans), s’approprient les
robots programmables et comment leur utilisation collective en classe les incite
à s’interroger sur leur fonctionnement et leur utilisation.
L’auteur montre notamment qu’en manipulant les robots, les
élèves réussissent à construire des schèmes
d’utilisation et plus généralement une culture technique.
Dans la continuité, Matthieu Branthôme se questionne sur la
manière de concevoir une ingénierie didactique permettant
d’accompagner la transition collège-lycée dans
l’apprentissage de la programmation. Sa réflexion s’appuie
sur la mise en œuvre et l’analyse d’une séquence de
résolution de défis à travers la programmation d’une
carte Micro:bit proposées à des élèves de
3ème hors-temps scolaire.
Les deux chapitres suivants concernent à la fois les niveaux primaire
et secondaire. L’étude de Fanny Boraita, Anne-Sophie Collard et
Julie Henry analyse les métaphores spontanées présentes
dans les discours des enseignants et des apprenants de 3 à 15 ans lors
d’activités d’initiation à la robotique. Les
chercheuses font émerger les représentations des
élèves, et apportent des éléments de
réflexion sur les problématiques à aborder dans le cadre
d’une éducation critique à la technologie. La recherche de Charline Carlot, Audrey Kumps et Bruno De Lièvre, quant à elle,
propose d’intéressantes pistes de réflexion pour la
formation initiale et continue des enseignants du primaire et des enseignants de
mathématiques du secondaire. Ces auteurs décrivent de quelle
manière les profils des futurs enseignants impactent leurs perceptions et
leur intention pédagogique dans l’enseignement de la
programmation.
Dans le supérieur cette fois, Pierre Bellet, Rémi Venant,
Chrysta Pélissier, Stéphanie Mailles Viard Metz et Julien Broisin s’intéressent à la manière dont l’usage des
technologies, et plus spécifiquement le recours à un laboratoire
virtuel et distant pour l'apprentissage de l'informatique, impactent le
processus d’entraide entre étudiants. Les auteurs montrent
l’influence « du calibrage et de la difficulté de la
tâche sur la qualité des sessions d'entraide » et
soulignent « l’apport intéressant du chat
intégré au laboratoire et de l’outil de consultation du
terminal d’un pair pour stimuler les interactions entre
apprenants ». Enfin, Jean-Baptiste Raclet, Franck Silvestre et Mika
Pons, se focalisant sur le contexte particulier de l'enseignement du
génie logiciel, présentent un tableau de bord pour les enseignants
(Git4School), « offrant des visualisations s'appuyant sur des
données extraites des dépôts Git des apprenants,
combinées à des informations contextuelles
temporelles ». Les auteurs montrent en quoi cet outil permet de
soutenir les interventions des enseignants en fonction de l'activité des
étudiants : il les aide à prendre des décisions
pendant un cours et à identifier les faiblesses des conceptions des
situations.
Le numéro se conclut par une rubrique de Christophe Declercq où
est présentée une liste riche, mais non exhaustive, de travaux en
didactique de l’informatique pouvant être utilisés pour la
formation des enseignants d’informatique au lycée.
Ce numéro spécial, qui fait suite au colloque Didapro 2020,
constitue un point d’étape important pour cette communauté
de chercheurs et praticiens intéressés par la question de
l'enseignement et l'apprentissage de l'informatique. Les rencontres et les
nombreux échanges se poursuivent, avec, en 2021, la quatrième
édition d’un atelier APIMU (APIMU, 2021) accueilli au sein d’EIAH’21 à Fribourg. L’année
2022 sera marquée par la neuvième édition du colloque
Didapro au Mans (https://www.didapro.org/9/), avec quelques membres du GT-APIMU
en première ligne sur l’organisation, comme lors de
l’édition lilloise. Nous espérons qu’il permettra, lui
aussi, de riches échanges, des débats et de belles rencontres.
Pour l’animation du GT APIMU : Julien Broisin, Christophe
Declercq, Cédric Fluckiger, Yvan Peter, Yann Secq.
Pour la coordination du numéro spécial : Laetitia
Boulc’h, Julien Broisin, Yvan Peter, Yann Secq.
RÉFÉRENCES
APIMU
(2017, 6 juin). Apprentissage de la pensée informatique de la
maternelle à l’Université : recherches, pratiques et
méthodes [atelier]. Colloque EIAH, Strasbourg, France. Disponible sur internet.
APIMU (2018, 6 avril). Organisation et suivi des
activités d’apprentissage de l’informatique : outils,
modèles et expériences [atelier]. Colloque RJC-EIAH’18,
Besançon, France. Disponible sur internet.
APIMU (2019, 4 juin). Apprentissage de la
pensée informatique de la maternelle à
l’Université : retours d’expériences et passage
à l’échelle [atelier]. Colloque EIAH’19, Paris,
France. Disponible sur internet.
APIMU (2021, 7 juin) Apprentissage de la pensée
informatique de la maternelle à l’Université : retours
d’expériences et passage à l’échelle [atelier]. Colloque EIAH’21, Fribourg, Suisse. Disponible sur internet.
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