Didactique de la physique et conception d’un simulateur
pour l’enseignement de l’astronomie au cycle 3
Géraldine BOIVIN-DELPIEU (ELIADD, Université de Bourgogne
Franche-Comté), Pierre JOUBERT (Institut UTINAM, UMR CNRS 6213,
Université de Bourgogne de Franche-Comté
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RÉSUMÉ : Cet
article rend compte de la méthodologie de conception d’une
interface numérique pour l’enseignement de l’astronomie. Nous
justifions les contraintes didactiques ayant guidé notre travail au
travers de plusieurs dimensions : les compétences des
praticiens ; les hypothèses théoriques sur
l’apprentissage à travers notamment des tâches
épistémiques et des activités de modélisation et les
contraintes institutionnelles liées aux concepts à enseigner. Nous
présentons aussi la transposition de ces contraintes au sein de
l’interface.
MOTS CLÉS : Didactique,
apprentissage, enseignement, modélisation, tâches
épistémiques, interface numérique. |
Didactics of physics and design of a simulator for astronomy teaching in primary school |
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ABSTRACT : This
paper reports the methodology used for the design of a digital interface unit
devoted to astronomical education. Didactic constraints used to support this
work are presented following different food for thought: teachers’ skills;
theoretical assumptions of learning based on epistemic tasks and modelization
activities and institutional constraints related to learning concepts. And, we
introduce the implementation of these constraints for the digital interface
unit.
KEYWORDS : Didactic,
learning, education, modelization, epistemic tasks, digital interface unit. |
1. Introduction
Aujourd’hui,
l’école ne peut éluder la question de l’introduction
du numérique qui n’est pas seulement une révolution
technologique mais aussi un phénomène culturel et social qui
imprègne nos vies quotidiennes. Étant donné sa mission de
permettre aux élèves de développer les habiletés qui
leur permettront de s’insérer dans la société de
demain, l’école doit se saisir des opportunités fournies par
le numérique pour apprendre à poser et résoudre des
problèmes, à collaborer, à développer
l’autonomie, la créativité, l’esprit critique... (IGEN, 2017).
Aussi, les préconisations officielles liées à
l’enseignement des sciences s’intègrent dans cette
perspective en affirmant, depuis de nombreuses années, la
nécessité de recourir à des pratiques pédagogiques
basées sur des méthodes d’investigation (Rocard et al., 2007) mais aussi en encourageant le développement de la science informatique,
des techniques et des outils numériques (séminaire national :
le numérique pour l’enseignement des sciences et de la technologie
au collège et au lycée-avril 2018). Ces préconisations
générales se traduisent dans les programmes de sciences
expérimentales au cycle 3 de l’école primaire (CM1-CM2 soit
9-10 ans) par une démarche de construction des concepts scientifiques qui
« exige des observations, des expériences, des mesures,
etc. » mais aussi « la construction progressive de
modèles simples, permettant d’interpréter celles-ci et
d’expliquer une diversité de phénomènes, et de les
prévoir » (MEN, 2015). Cette
notion de modèle apparaît dans la partie liée à
l’astronomie où elle est alors associée à
d’autres approches comme la simulation. Toutefois, plusieurs recherches
soulignent les difficultés des enseignants à la fois à
concevoir et à implémenter des séquences de sciences
fondées sur l’investigation (Marlot et Morge, 2016) mais aussi à réellement intégrer les technologies
numériques dans leur enseignement (Gerard et Roegiers, 2011).
C’est dans ce contexte et dans le cadre d’une recherche
collaborative, que nous avons souhaité développer un environnement
informatique pour faciliter l’enseignement et l’apprentissage de
l’astronomie au cycle 3. Nous nous sommes intéressés
à l’étude de la variation de la durée de la
journée en différents lieux sur Terre et à
différents moments de l’année. Nous proposons dans cet
article de montrer comment nous avons pris appui à la fois sur des
hypothèses théoriques mais aussi sur une analyse des
difficultés des élèves et des enseignants pour concevoir
cet environnement informatique en collaboration avec des enseignants de cycle 3,
des partenaires de la DANE et une entreprise experte en innovation
numérique et en ingénierie digitale 3D. Dans une première
partie, nous présenterons les cadres théoriques de
référence sur lesquels la conception s’appuie. La seconde
partie sera consacrée à la présentation de
l’artéfact et à l’impact de ces cadres sur sa
structuration.
2. Cadres théoriques soutenant la conception
2.1. Hypothèses générales sur l’enseignement et
l’apprentissage
Nous ne cherchons pas ici à développer
les hypothèses psychologiques fondatrices de la théorie
socioconstructiviste mais seulement à indiquer que nous y inscrivons nos
travaux. Ainsi, nous considérons l'apprentissage comme le produit
d'activités sociocognitives liées aux échanges didactiques
enseignants–apprenants et apprenants-apprenants ce qui impacte les
situations d’apprentissage que nous développons : nous
privilégions systématiquement la mise en activités des
élèves autour de situations problématiques, la prise en
compte des représentations des apprenants, les interactions entre pairs
et avec le milieu, le travail de verbalisation, etc. (Boivin-Delpieu, 2020)
Pour préciser notre point de vue, et conformément à la
théorie de l’action conjointe en didactique (Sensevy, 2011),
nous considérons l’apprendre et le faire apprendre comme
solidaires. Ainsi, toute action didactique est vue comme une transaction entre
un enseignant et des apprenants et dont les objets transactionnels sont
constitués des objets de savoir. Construire une situation
d’apprentissage implique donc nécessairement de penser
réciproquement les actions du professeur en lien avec celles des
élèves mais aussi de penser l’organisation du milieu,
c’est-à-dire « le potentiel d’action
virtuel » que l’élève doit construire pour
résoudre un nouveau problème (DPE, 2019).
Outre ces hypothèses théoriques liées aux
modalités d’apprentissage, nous souhaitons intégrer à
nos réflexions une composante épistémologique. En effet,
à l’instar d’autres auteurs (Tiberghien et al., 2007), (Boivin-Delpieu, 2015),
nous considérons que la signification du savoir en classe (et donc la
construction des connaissances) est liée au fonctionnement du savoir de
la discipline enseignée. Aussi, nous développerons, dans une
première partie, le rôle des activités de
modélisation dans l’élaboration des connaissances
scientifiques et en particulier dans les apprentissages scolaires. De plus, nous
avons souhaité associer à cette composante, une composante
cognitive liée aux tâches épistémiques (Tiberghien et al., 2007).
Ainsi, la seconde partie permettra de mettre en évidence le lien entre
les tâches épistémiques soumises aux élèves et
les apprentissages scientifiques.
2.2. Les activités de modélisation dans l’apprentissage
en physique
2.2.1. La modélisation en sciences physiques
Les physiciens qui visent à décrire, interpréter et
prévoir les phénomènes du monde sensible, construisent des
théories, susceptibles d’évoluer voire même de
disparaître, mais dont le but ultime est de tendre vers
l’universalité. Dans ce cadre, une théorie permet de
définir un ensemble de principes qui décrivent les lois
générales de la Nature et qui permettent de relier des concepts
à des situations expérimentales. On peut, par exemple, citer la
loi d’attraction universelle énoncée par Newton pour
décrire l’observation de la chute des corps (Newton, 1687).
L'interprétation des expériences illustrant une situation physique
ou une classe de problèmes ou d’objets physiques est alors
décrite à partir d’un modèle qui ne tend pas à
l’universalité, comme une loi ou un principe, mais à une
généralité sur une classe de systèmes appartenant
à des contextes différents.
« Le modèle, qui prend place dans la construction de
cette intelligibilité est devenu un outil majeur de la démarche
scientifique » (Morge et Doly, 2013).
Toutefois, cette notion « bien que fort répandue dans la
pratique scientifique comme dans la recherche épistémologique, ne
ressort pas d’une définition unique. [...]. La définition du
terme n’est donc pas établie, et il n’est pas sûr
qu’un consensus même approché existe à ce propos parmi
les utilisateurs » (Johsua et Dupin, 1989).
Cependant, il nous semble important de souligner sa fonction de mise en relation
entre « réalité scientifique » et
constructions théoriques. Selon Morge et Doly (2013), on peut parler
de « réalité scientifique pour désigner la
réalité sur laquelle les chercheurs travaillent, mais non pas
celle que l’on voit, immédiate et intuitive, mais celle,
contre-intuitive, qui est définie et désignée par la
connaissance scientifique ». Ainsi, il s’agit
d’adhérer à « un réalisme minimum qui ne
postule aucune réalité transcendante qui excèderait la
connaissance scientifique, tout en acceptant l’idée que les
théories portent bien sur un monde objectif extérieur à
elles mais circonscrit aux objets dont elles construisent la
connaissance ». Dans cet esprit, Walliser conçoit le
modèle comme « un médiateur entre un champ
théorique dont il est une interprétation et un champ empirique
dont il est une synthèse » (Walliser, 1977).
Le modèle n’est ni théorique, ni expérimental mais
il « représente non pas les propriétés du
réel, mais seulement certaines propriétés. Il a une
fonction sélective des données de l'expérience ; il
sépare le pertinent du non-pertinent par rapport à la
problématique considérée. Il est un instrument
d'intelligibilité d'un réel dont la complexité des
propriétés ne permet pas l'entière compréhension par
la science : disons de façon plus explicite qu'en physique par
exemple, la modélisation, par la sélection des données, par
la considération exclusive de certains paramètres, par la
précision d'hypothèses simplificatrices, permet la mise en
œuvre de la mathématisation » (Bachelard, 1979).
Le modèle apparaît ainsi « comme un système
homomorphe à un système donné mettant en évidence
certaines de ses caractéristiques » (Walliser, 1977).
Plusieurs types de modèles peuvent être distingués :
- Les modèles descriptifs tels que des maquettes, des copies
simplifiées des objets tels que nous les percevons (système
solaire).
- Les modèles images qui décrivent des objets non
perceptibles par des copies supposées très agrandies (exemple du
modèle planétaire de l’atome). Autrement dit, les
modèles images englobent tout ce qui n’est pas accessible par nos
sens.
- Les modèles analogiques qui s’appuient sur
l’idée d’exploiter une ressemblance partielle entre deux
réalités, l’une d’elles devant aider à mieux
comprendre l’autre (analogie avec l’eau en
électricité).
- Les modèles symboliques qui traduisent une situation
physique dans un langage plus ou moins abstrait. Ce langage peut être de
divers ordres : le langage iconique tels que des symboles, des graphiques,
des schémas, des courbes, des diagrammes (représentation
linéaire de la loi d’Ohm, courbe de croissance) ; le langage
logico-mathématiques tel que des formules (U = RI). De plus, et
toujours en accord avec les propos de Walliser (Walliser, 1997),
les modèles peuvent assurer des fonctions diverses de
représentation, d’explication et de prévision.
Ainsi, le modèle est le sujet sur lequel on réalise des
calculs à partir des principes et des lois du cadre théorique
auquel il appartient. Le modèle n’étant pas la
réalité mais une description (souvent imparfaite et partielle) de
cette réalité, il est donc important d’avoir conscience de
ses limites. Ces limites peuvent être de trois types :
- les approximations : il s’agit de quantités,
d’effets ou d’éléments dont l’influence sur le
comportement du système que l’on désire décrire est
supposée très faible ;
- les idéalisations : il s’agit de
propriétés ou de comportements du système qui sont
simplifiés ou adaptés pour faciliter les calculs ;
- les transpositions : il s’agit d’utiliser un
modèle hors du cadre théorique réel du système
étudié.
Ces limites, et plus particulièrement leurs méconnaissances,
peuvent constituer des situations de blocage dans les situations
d’apprentissage et la mise en œuvre des tâches
épistémiques associées.
2.2.2. Modélisation et apprentissage de la physique
Même si l’activité de modélisation des
scientifiques est fondamentalement différente de celle des
élèves, certains auteurs (Bécu-Robinault, 2002), (Bécu-Robinault, 2004), (Bécu-Robinault, 2018), (Boivin-Delpieu, 2015), (Buty et al., 2004), (Tiberghien, 1994) considèrent que, pour donner du sens à un concept scientifique, il
est nécessaire que la démarche implique la mise en place de
situations au sein desquelles les élèves devront mettre en
relation des éléments des « modèles et
théories enseignés et la description d’une situation
matérielle en termes d’objets et
d’évènements » (Bécu-Robinault, 2004).
Autrement dit, « donner une explication, une interprétation
ou une prédiction au sujet d'un événement du monde
sensible, nécessite une activité de
modélisation » (Séjourné et Tiberghien, 2001) c’est-à-dire « l’articulation de deux niveaux de
description d’une situation : celui des modèles et celui des
objets et évènements » (Bécu-Robinault, 2018).
Cette approche des deux mondes et proposée par Tiberghien (Tiberghien, 1994),
implique de définir les limites relatives à chacun de ces
mondes.
Le niveau de la théorie inclut le niveau explicatif de la
modélisation. Il est principalement constitué de concepts, de
règles, de théories construites à partir d’une
abstraction des données empiriques. Le niveau des objets et des
évènements, quant à lui, ne contient pas de système
explicatif ; « il est constitué de ce qui est
étudié et non encore interprété » (Bécu-Robinault, 2018).
Notons que les mesures sont associées à ce niveau notamment car
« il semble difficile au novice de séparer la mesure de
l’instrument qui l’a générée en explicitant le
modèle sous-jacent à la conception de
l’instrument » (Ibid., 2018). Le
modèle joue le rôle d’intermédiaire entre ces deux
niveaux.
2.3. Tâches épistémiques et apprentissage de la
physique
Pour construire des connaissances en sciences physiques et ainsi mieux
comprendre le monde matériel, il est nécessaire que les apprenants
puissent établir des liens entre des éléments de
connaissances en jeu dans la construction des concepts visés (Tiberghien et al., 2007).
Ohlsson (Ohlsson, 1996) construit une catégorisation de tâches épistémiques
rendant compte des raisonnements susceptibles d’établir ces
liens : décrire, expliquer, argumenter, prédire, critiquer,
définir.
De manière à mieux correspondre aux spécificités
de l’enseignement et de l’apprentissage de la physique, Tiberghien et al. (Tiberghien et al., 2005) proposent une nouvelle catégorie de tâches
épistémiques « Questionner » et
précisent les objets associés à la tâche (Tableau
1).
Tableau 1 • Categories of epistemic
tasks (Tiberghien, Buty et Le Maréchal, 2005, p. 42)
Une précédente recherche a non seulement montré la
pertinence de cette classification pour analyser les savoirs en jeu à
l’école primaire mais a également montré que la
variété des tâches épistémiques
intégrées aux activités proposées aux
élèves et non leurs répétitions constitue un facteur
favorable à la construction des savoirs visés (Boivin-Delpieu, 2015).
3. Question de recherche
Nous situons cette recherche par rapport à cet
état de connaissances scientifiques. Nous avons souhaité
restreindre notre étude au domaine de l’astronomie, domaine pour
lequel enseignants et élèves rencontrent des difficultés.
D’une part, ces difficultés sont dues à une
compréhension limitée des modèles et de la
modélisation chez les élèves mais aussi chez les
enseignants. Par exemple, les modèles sont assimilés à une
représentation de la réalité ou leurs fonctions heuristique
et prédictive ne sont que rarement évoquées (Roy et Hasni, 2014).
D’autre part, ces difficultés sont liées aux concepts
enseignés. En effet, des incohérences entre ce qui est
expérimenté et ce qui est enseigné (Kikas, 2006) peuvent apparaître, notamment parce que les élèves ont
tendance à classer la Terre comme un objet physique et non astronomique
et ainsi à lui attribuer des présupposés appropriés
pour des objets physiques en général (organisation haut-bas,
stabilité, solidité...) (Merle, 2002).
Toutefois, d’autres recherches ont montré la pertinence de recourir
à des simulations, notamment avec des techniques de réalité
augmentée pour faciliter les apprentissages. En effet, cet
intérêt potentiel est notamment expliqué par la
possibilité pour les élèves d’apprendre par
l’action et en situation en leur permettant de construire des
connaissances d’une manière active et autonome (Fjeld et Voegtli, 2002),
mais aussi par la possibilité de montrer simultanément des
artefacts physiques et les notions abstraites qui y sont associées pour
assurer une compréhension plus facile des concepts (Stedmon et al., 1999) ou encore de faciliter l’élaboration de représentations de
relations spatiales dynamiques et leur évolution dans le temps et
l’espace (Shelton et Hedley, 2002).
Ce dernier argument a d’ailleurs été établi lors
d’une recherche menée dans le supérieur à propos des
mouvements de la Terre. Sur ce thème, à notre connaissance, aucune
recherche mettant en œuvre des outils de réalité
augmentée n’a été menée au niveau primaire. En
effet, Fleck et Simon (Fleck et Simon, 2013) ont montré l’intérêt du recours à cette
technologie pour enseigner/étudier les phases de la Lune.
Aussi, dans ce contexte, nous avons souhaité concevoir un nouvel
artéfact pour faciliter l’enseignement et l’apprentissage de
concepts scientifiques en astronomie au cycle 3 et tenant compte des
hypothèses théoriques sur l’apprentissage notamment celles
liées aux activités de modélisation, à
l’influence des tâches épistémiques
sollicitées, mais aussi aux difficultés couramment
identifiées dans le domaine.
Nous exposons dans la suite la méthodologie développée
puis nous montrons les résultats sur le dispositif non pas sous
l’angle informatique mais bien sous l’angle des apprentissages
visés. L’interface numérique est conçue comme un
outil facilitant l’appropriation des connaissances visées.
4. Méthodologie
La conception du dispositif pédagogique
numérique s’intègre dans une recherche en cours. Comme le
rappellent Burkhardt et Schoenfeld (Burkhardt et Schoenfeld, 2003),
concevoir et implémenter une innovation techno-pédagogique dans un
contexte éducatif se déroule sur de longues échelles de
temps. En effet, afin d’élaborer ce nouvel artéfact tenant
compte à la fois de nos hypothèses théoriques mais
également des difficultés des enseignants et des
élèves, nous avons opté pour les principes
théorico-méthodologiques de la Design-Based-Research (Design-Based-Research Collective, 2003) et organisé la recherche selon 3 phases de travail :
- l’analyse du problème concret par le groupe
chercheurs et praticiens en collaboration ;
- le développement d’une solution ;
- un cycle itératif d’essais de la solution en
situation réelle.
À ce jour les deux premières phases ont été
réalisées. La première phase s’est
déroulée sur un an environ et a permis d’analyser le
problème à traiter, relatif à la modélisation et
à l’usage de simulation pour l’enseignement et
l’étude de l’astronomie à l’école
primaire. Pour cela, les chercheurs ont travaillé avec trois enseignants
volontaires qui ont accepté d’élaborer et
d’implémenter une séquence dont les objectifs sont de faire
le lien entre la variation de la durée de la journée sur Terre et
les mouvements de la Terre. Étant donné les objectifs de la
recherche, le recours à du matériel tangible et numérique
(comme le recommandent les instructions officielles) a été
imposé mais l’organisation du milieu didactique et la planification
des contenus ont été pleinement laissées à la charge
des enseignants. Ainsi, nous considérons cette perturbation
imposée à nos systèmes d’étude comme
étant contrôlée (Chevallard, 1998) et relativement proche des pratiques ordinairement mises en œuvre. En
effet, la plupart des ressources pédagogiques telles que les documents
d’accompagnement ou les manuels scolaires, préconisent le recours
à du matériel tangible de substitution (balles, lampes, etc.) pour
modéliser les mouvements de la Terre. De plus, les instructions
officielles ajoutent que cette partie du programme pourra être
traitée par des approches variées telles que les simulations. Le
corpus principal recueilli, afin d’interroger les pratiques de ces
enseignants et les conditions d’étude de leurs
élèves, est constitué des séquences
implémentées filmées et de leurs transcriptions, des
travaux des élèves, des fiches de préparation et des
entretiens menés avec les enseignants. L’analyse menée
conjointement entre chercheurs et praticiens et la revue de littérature
préalable ont permis à la fois d’identifier les
éléments spécifiques issus de la stratégie
didactique permettant aux élèves de construire un modèle
explicatif cohérent, intermédiaire entre leurs connaissances
naïves et l’explication scientifique mais aussi de repérer en
quoi le déroulé de la séquence prévue par les
enseignants contraint les tâches épistémiques
imposées aux élèves c’est-à-dire la structure
logique d’enseignement en relation avec les pratiques sociales de
référence (Martinand, 1985).
La seconde phase de travail avait pour objectif l’élaboration de
l’artéfact. Aussi, chercheurs et praticiens ont traduit les
hypothèses théoriques, les difficultés des
élèves et des enseignants identifiées lors de la phase 1 en
un ensemble de contraintes et besoins explicités dans un cahier des
charges fonctionnel destiné à une entreprise experte en innovation
numérique (disponible sur internet). Ainsi, les
contraintes techniques ont été laissées à la charge
de l’entreprise associée. Cet objet a permis d’acter la
collaboration chercheurs-praticiens-entreprise en recueillant à la fois
des savoirs issus de la recherche et des savoirs pratiques (Lyet, 2011).
L’entreprise associée a alors proposé à
l’équipe, selon différentes étapes, des solutions
techniques qui ont été discutées, testées puis
retravaillées. Nous présenterons dans la suite la manière
dont les hypothèses théoriques, traduites en contraintes et
besoins, ont pris forme dans le prototype proposé.
La phase 3 permettra ensuite de tester ce prototype en conditions
réelles et d’interroger le nouveau pouvoir d’action des
enseignants ainsi que les nouvelles activités de modélisation des
élèves.
5. Analyses a priori
5.1. Analyse a priori des savoirs visés
Notre question de recherche est en lien avec la
partie « La planète Terre. Les êtres vivants »
du programme de sciences expérimentales du cycle 3, et en particulier
avec les connaissances associées : « Décrire les
mouvements de la Terre (rotation sur elle-même, autour du Soleil et cycle
des saisons) ». Rappelons qu’à l’école
primaire, les approches d’enseignement sont avant tout
phénoménologiques et que les objectifs d’apprentissage sont
tournés vers des modèles explicatifs permettant de comprendre et
de décrire le monde. Autrement dit, l’objectif n’est pas de
faire découvrir aux élèves des lois générales
sur la Nature mais d’interpréter des observations
expérimentales en mettant en jeu des éléments d’un
modèle au sein d’une démarche scientifique rigoureuse mais
adaptée aux concepts maîtrisés en cycle 3.
Les instructions officielles préconisent d’étudier les
mouvements de la Terre en lien avec le cycle des saisons
c’est-à-dire en lien avec des phénomènes observables
au cours des saisons et dont ces mouvements sont responsables.
Historiquement, les observations expérimentales
interprétées par la rotation et la révolution de la Terre
sont essentiellement les rétrogradations des planètes,
l’apparition de nouvelles étoiles dans le ciel selon les moments de
l’année (par exemple une étoile nouvelle dans la
constellation de Cassiopée en novembre), la variation du mouvement
apparent du Soleil (directions de lever et de coucher et hauteurs de
culmination) pour un lieu donné (excepté à
l’équateur) selon le moment de l’année. En accord avec
les préconisations d’EDUSCOL (EDUSCOL, 2016),
nous avons choisi de focaliser notre étude sur la découverte et
l’explication du mouvement apparent du Soleil au cours des saisons en
différents lieux sur Terre. Avec des élèves de cycle 3, ce
choix implique d’étudier en particulier la variation de la
durée de la journée en un lieu donné au cours des saisons
et/ou la variation de la durée de la journée pour des lieux
situés à des latitudes différentes mais à une
longitude similaire et ce à une date donnée.
Les champs théoriques en jeu, pour rendre compréhensible ces
situations matérielles, ont trait à deux domaines de la
physique : la mécanique, avec notamment les lois de Kepler et les
principes de Newton, pour les mouvements de la Terre ; l’optique
géométrique, avec notamment les lois de Snell-Descartes, pour la
formation de l’ombre propre à la surface de la Terre. Bien entendu,
ces lois ne sont pas accessibles à des élèves de
l’école primaire mais les savoirs à enseigner
relèvent d’éléments de modèles permettant de
faire le lien entre ces réalités scientifiques et les
constructions théoriques citées. En effet, pour comprendre la
variation de la durée de la journée au cours des saisons, les
élèves devront mettre en lien des éléments relevant
du modèle héliocentrique, notamment la révolution de la
Terre autour du Soleil respectant une inclinaison constante de l’axe des
pôles par rapport au plan de l’écliptique avec des
éléments du modèle de propagation rectiligne de la
lumière, notamment la formation d’une ombre propre sur une
sphère placée dans un faisceau de rayons lumineux
parallèles. Ainsi, les élèves pourront interpréter
les observations expérimentales liées à la variation de la
durée de la journée en termes de variation de la surface
éclairée de la Terre. En somme, les objectifs visés par
cette approche phénoménologique sont de découvrir le
phénomène en jeu puis d’acquérir certains
éléments du modèle explicatif en mettant en lien
observations expérimentales et modélisation s’appuyant sur
des théories bien identifiées : mécanique et optique
(Figure 1).
Figure 1 • Analyse a priori des savoirs
visés
5.2. Analyse a priori du problème concret à traiter (phase1,
DBR)
De manière à expliciter les difficultés des enseignants
et des élèves lors de l’enseignement et de
l’étude de la variation de la durée de la journée au
cours des saisons, nous avons, certes, pris appui sur la littérature
existante mais aussi sur l’analyse des données
récoltées lors de la phase 1 de notre recherche. Nous avons
analysé les processus cognitifs des apprenants du point de vue des
activités de modélisation lors des activités scientifiques
visant à expliquer les phénomènes observables ainsi que les
tâches épistémiques mises en œuvre (Boivin-Delpieu, 2020).
L’organisation thématique des séquences
élaborées et implémentées par les enseignants
partenaires lors de la première phase de cette recherche (analyse du
problème) rend compte d’une structuration selon un
enchaînement logique et répété
d’éléments.
D’abord des phénomènes issus du monde des objets et des
évènements sont donnés à voir aux
élèves et font émerger un questionnement scientifique. Par
exemple, une étude documentaire met en évidence, pour une date
donnée, la variation de la durée de la journée pour des
lieux situés à une même longitude mais à des
latitudes différentes. La question scientifique posée à la
classe sera alors de trouver une explication à ce
phénomène. Dans cette classe, le logiciel Stellarium sera ensuite utilisé pour retrouver la
durée des journées dans les lieux considérés lors de
la première phase de travail. Dans deux classes, à partir des
observations courantes des élèves, les enseignants poseront la
question de la variation de la durée de la journée au cours des
saisons dans la ville de l’école mais aussi dans d’autres
villes. L’un des enseignants utilisera alors une simulation pour confirmer
les observations discutées en classe
(disponible sur internet).
Ensuite, une activité ayant pour objectif
l’interprétation du phénomène étudié
est prévue. Dans chacune des classes observées, les enseignants
ont choisi de proposer aux élèves de modéliser, par groupe,
la Terre avec une balle en polystyrène et le Soleil avec une source
lumineuse. Certains groupes parviennent à une interprétation
cohérente des phénomènes étudiés.
Et enfin les connaissances sont structurées à travers une mise
en commun des résultats obtenus lors des activités de
modélisation avec du matériel tangible et menées par
groupe. Dans l’une des classes, l’enseignant proposera le recours
à une simulation pour décrire à nouveau les
phénomènes observables étudiés et les
éléments du modèle explicatif construit lors de la
modélisation (simulation disponible sur internet).
Les résultats des analyses menées au sein du collectif
enseignants-chercheurs révèlent des difficultés de nature
différente liées à l’usage des outils
numériques. En effet, d’une part, le choix des simulations est
contraint par des difficultés d’ordre matériel
(problème de connectivité, problème
d’équipement des écoles, etc.) et d’autre part, par
des difficultés liées à l’analyse préalable de
ces simulations. Nous exposons succinctement les principaux
résultats.
L’analyse révèle qu’en classe, les avancées
vers les savoirs visés sont systématiquement et uniquement
liées à des situations impliquant des objets tangibles et non
numériques. En effet, dans chacune des études de cas, les
simulations ne sont pas exploitées pour leur capacité
interprétative d’un phénomène mais très
majoritairement pour vérifier des phénomènes, par ailleurs
déjà mis en évidence. Autrement dit, l’usage
prévu des simulations limite les tâches épistémiques
associées : tâche épistémique de description des
faits observables uniquement et jamais de tâche épistémique
d’explication ou d’interprétation de ces faits. Ainsi, les
activités des élèves sont contraintes dans le monde des
objets et des évènements. De plus, l’analyse montre
également que les avancées vers les savoirs visés sont
systématiquement liées à des situations impliquant des
objets tangibles. Dans ces cas, on constate une réorganisation des
éléments matériels du milieu selon le système de
connaissances des élèves leur permettant de mettre à
l’épreuve des observations caractéristiques du
phénomène étudié. Les rétroactions fournies
par les éléments matériels leur permettent alors de
développer une stratégie conduisant à la construction de
nouvelles connaissances. Toutefois, des difficultés ont été
constatées lors de l’utilisation d’objets tangibles. En
effet, les rétroactions du milieu via les objets tangibles se sont
parfois révélées comme des obstacles à
l’avancée des connaissances visées. Par exemple, un faisceau
lumineux trop étroit de la lampe représentant le Soleil peut
impliquer une mauvaise interprétation de la part des élèves
de la surface éclairée de la balle représentant la
Terre.
De plus, cette mise en œuvre dans trois classes différentes nous
a permis une analyse des représentations courantes des
élèves vis-à-vis de l’interprétation de la
variation de la durée de la journée au cours des saisons. Sans
rendre compte ici de l’analyse fine effectuée, nous pouvons classer
ces représentations en plusieurs catégories : variation de la
vitesse de rotation et/ou de révolution de la Terre, variation de la
distance entre le Soleil et la Terre (variation de la hauteur du Soleil dans le
ciel), variation de l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre
ou encore des représentations plus rares comme variation de la
densité de nuages.
6. Élaboration de la solution techno-didactique
6.1. Présentation globale du dispositif
Conformément
aux hypothèses théoriques sur lesquelles nous fondons nos travaux,
l’interface n’a ni l’objectif de se substituer à
l’enseignant, ni celui de remplacer les interactions entre pairs, pas plus
que celui de négliger le travail de verbalisation. En revanche, elle vise
à mettre les élèves en activités autour de
situations problématiques, à permettre l’émergence et
la prise en compte des représentations des apprenants, tout en
privilégiant les activités de modélisation et la
variété des tâches épistémiques
implémentées. Autrement dit, comme tout Environnement informatique
pour l’apprentissage humain (EIAH), elle a pour objectif
« d’enseigner un domaine de connaissances à un
apprenant en intégrant l’ordinateur dans une relation
pédagogique enseignant/élève » (Laforcade, 2001).
Ainsi, selon la démarche scientifique d’apprentissage
envisagée, l’interface numérique doit présenter deux
qualités techniques différentes :
- elle doit permettre une reconstitution informatique d’un
environnement réel afin d’étudier des
phénomènes par ailleurs observables ;
- elle doit permettre de reproduire les activités de
modélisation fondamentales pour la construction des connaissances
visées tout en palliant aux difficultés matérielles et
cognitives identifiées dans l’analyse a priori. Exemples :
• les difficultés rencontrées pour observer la surface
éclairée lorsque le faisceau lumineux n’est pas assez large
par rapport au diamètre de la balle,
• l’impossibilité d’effectuer des changements de
référentiels temporels (dates) et spatiaux (lieux sur la Terre)
qui facilitent l’interprétation des phénomènes
observés.
En plus de ces contraintes, le cahier des charges proposé à la
société chargée du développement de
l’artéfact, intègre plusieurs éléments de
contexte, spécifiques aux situations d’enseignement, afin de
répondre au mieux aux attentes des enseignants pour l’usage de ce
type d’outils numériques. Les problèmes de
connectivité dans les salles de classes impliquent de produire une
application autonome ne nécessitant pas de faire appel à des
serveurs externes (ordinateurs de la classe) ou des sites distants.
La nécessité de reproduire des environnements réels
suggère le recours à la réalité virtuelle.
Toutefois, nous avons écarté d’emblée la
possibilité de recourir à des casques autonomes de
réalité virtuelle. En effet, cet équipement, relativement
onéreux, n’a pas été retenu car la plupart des
recommandations actuelles proposent une utilisation de ce type de casques
après l’âge de 13 ans c’est à dire pour des
élèves plus âgés que ceux de cycle 3.
Enfin, les aspects de disponibilité et de mobilité sont
essentiels pour espérer une appropriation facile de l’outil par les
enseignants et les élèves notamment pour les phases de
description, de questionnement, d’explication et
d’interprétation. Il est important de prendre en compte
d’autres contraintes notamment budgétaires pour les écoles
(nécessité de s’équiper en matériels
informatiques appropriés).
À partir de ce cahier des charges, le choix d’une application
sur tablette, basée sur certains principes de la réalité
virtuelle couplés aux avantages de la réalité
augmentée a été validé par l’ensemble des
partenaires du projet. Les tablettes ont en effet l’avantage
d’être un outil mobile et facilement utilisable en classe notamment
par petits groupes. Elles peuvent être regroupées dans le cadre
d’une mallette pédagogique que chaque école pourra emprunter
ce qui limite fortement l’investissement pour chaque école.
Par réalité virtuelle, on suppose que l’application
propose de placer l’utilisateur dans un environnement simulé par
l’outil numérique. La base du développement de
l’application est de pouvoir placer l’élève dans des
situations où les objets tangibles ne sont pas accessibles (changements
de repère, de temps et d’espace), tout en prévoyant des
interactions avec la simulation à travers des tâches réelles
dans cet environnement virtuel. De plus, l’application s’appuie sur
des principes de la réalité augmentée puisqu’elle
doit permettre d’ajouter des éléments virtuels
(informations, choix des paramètres, observables, etc.) aux
éléments du modèle élaboré (lieu à la
surface de la Terre). Enfin, l’application permettra aux
élèves de se déplacer autour du modèle
construit : les élèves peuvent observer la sphère
représentant la Terre en faisant le tour de cette dernière.
L’interface utilise ainsi des éléments techniques
empruntés à la réalité augmentée. C’est
pourquoi on parle plutôt dans ce cadre de réalité mixte ou
superposée.
Ainsi, le prototype, nommé TERRA-3D, est conçu selon trois
modes d’utilisation, conformes aux principales étapes d’une
démarche d’enseignement scientifique basée sur
l’investigation. Le premier mode permet la découverte et
l’analyse de phénomènes observables depuis la Terre suivies
par la formulation de questionnements scientifiques. Le second mode englobe
toutes les phases de résolution du problème scientifique ainsi
posé. Il permet aux élèves de tester leurs
hypothèses explicatives relatives aux phénomènes
étudiés en construisant pas à pas un modèle conforme
aux savoirs de référence. Les élèves ont alors
l’occasion de faire varier plusieurs éléments du
modèle et d’en tester les conséquences sur les
phénomènes observables. Ils ont ainsi la possibilité
d’interpréter les éléments décrits dans le
mode 1. Enfin, le dernier mode permet la structuration des connaissances
élaborées. Les élèves peuvent alors faire
fonctionner le modèle, décrire les phénomènes
observables, les interpréter et même les prévoir pour des
dates et/ou des lieux non testés dans le mode 2. Les
élèves peuvent également découvrir la place de la
Terre dans le système solaire ainsi que les autres planètes et
leurs caractéristiques.
6.2. Présentation et justifications du mode 1
Conformément à nos hypothèses théoriques,
construire des connaissances scientifiques nécessite de faire des liens
entre le monde des objets et des événements et celui des
théories, notamment à travers des tâches
d’interprétation. Il est donc indispensable que les
élèves découvrent d’abord une série
d’évènements pour lesquels ils repéreront les
régularités et les différences. Cette démarche
observationnelle aidée par l’outil numérique permet de
construire la question scientifique qui justifiera le travail
d’interprétation. En effet, en lien avec les connaissances
traitées dans notre projet, les élèves doivent être
amenés à se questionner sur l’origine de la variation de la
durée de la journée en un lieu donné et/ou l’origine
de la variation de la durée de la journée à une date
donnée pour des lieux situés à des latitudes
différentes mais à des longitudes similaires. La formulation de
ces interrogations nécessite soit l’étude directe de la
trajectoire apparente du Soleil en différents lieux et/ou à
différentes dates, soit l’étude de la variation de
l’ombre d’un même objet au cours d’une journée,
à des dates différentes et/ou en des lieux différents. Ces
études peuvent être menées facilement dans une classe pour
un lieu donné mais nécessitent une durée
d’observation longue par rapport au temps scolaire (sur plusieurs mois).
En revanche, il n’est pas possible de mener des observations directes,
réelles en des lieux différents avec une classe.
Aussi, la solution technique proposée grâce à un outil
numérique de simulation doit pouvoir rendre possible cette étude
d’évènements en s’affranchissant des contraintes de
temps et de lieux.
Ainsi, le mode 1, propose un environnement virtuel permettant de
découvrir la trajectoire apparente du Soleil et celle de l’ombre
d’un objet (un mur) pour six lieux et ce pour n’importe quelle date
entre 1975 et 2050 en Norvège, France, Algérie, Namibie,
Antarctique et au Gabon.
Ces lieux ont été choisis selon deux critères :
- situés à des longitudes similaires, ils permettront
l’étude de la variation de la durée de la journée
à une même date ;
- situés à des latitudes différentes, ils permettront de
mettre en évidence des caractéristiques différentes :
• France, de manière à comparer avec des observations
réalisées en classe,
• Norvège, au-delà du cercle polaire, de manière
à découvrir le jour et la nuit polaires,
• Algérie, de manière à visualiser la
verticalité des rayons solaires au solstice
d’été,
• Namibie, sur le tropique du capricorne, de manière à
visualiser la verticalité des rayons solaires au solstice
d’hiver,
• Antarctique, au-delà du cercle polaire, de manière
à découvrir le jour et la nuit polaires inversés par
rapport au Svalbard,
• Gabon, sur l’équateur, de manière à
constater l’égalité de la durée de la journée
et de la nuit1.
Les élèves peuvent à la fois choisir le lieu mais aussi
la date d’observation. De multiples possibilités sont donc offertes
et les enseignants peuvent ainsi choisir la manière de faire
étudier le phénomène. Suivant le niveau des
élèves (CM1, CM2 ou 6ème), il est possible
d’étudier le phénomène selon différents
degrés de précisions, par exemple :
- étude pour un seul lieu à différentes
dates ;
- étude pour une date et différents lieux ;
- étude pour des lieux et dates différents ;
- possibilité de tracer la trajectoire du Soleil pour une
date donnée ;
- possibilité d’afficher les trajectoires du Soleil aux
équinoxes et/ou solstices de manière à comparer la
trajectoire actuelle avec ces dernières (Figures 2a et 2b).
Figure 2a • Tracé
de la trajectoire apparente du Soleil en Algérie le 24/04/20
Figure 2b • Comparaison de la trajectoire
apparente du Soleil en Algérie le 24/04/20 avec celle obtenue le jour des
équinoxes et le jour du solstice d'hiver
Quels que soient les choix de l’enseignant, ce mode implique, dans un
premier temps pour les élèves, des tâches de description de
faits observables décrits virtuellement grâce à
l’outil numérique. Puis l’étude de ces faits permet de
définir le phénomène physique étudié qui sera
ensuite questionné. Le premier mode, quelles que soient les modalités
d’utilisation retenues, permet de varier les tâches
épistémiques au sein du monde des objets et des
évènements simulé et réel (Figure 3).
Figure 3 • Tâches
épistémiques et mondes sollicités lors de l'utilisation du
mode1
6.3. Présentation et justification du mode 2
À l’issue du mode 1, la classe aura construit au moins
l’une des questions suivantes : Comment expliquer la variation de la
durée de la journée au cours des saisons pour un lieu
donné ? Comment expliquer la différence de la durée de
la journée pour des lieux situés à des latitudes
différentes mais à la même longitude pour une date
donnée ?
Ce deuxième mode doit à la fois être conforme à
nos hypothèses théoriques (nécessité d’engager
les élèves dans des activités de modélisation,
nécessité de construire des liens entre les deux mondes et
nécessité de proposer des tâches épistémiques
variées) mais il doit également tenir compte des
difficultés repérées dans la phase 1 de notre recherche.
Aussi, nous avons d’abord souhaité que les élèves
puissent sélectionner les éléments pertinents pour
modéliser la situation et la problématique. Ainsi,
l’entrée dans le mode 2 permet de sélectionner une
source lumineuse pour le Soleil, une sphère pour la Terre et un axe pour
l’axe de rotation de la Terre. Toutefois, de manière à
éviter toutes confusions entre le monde réel et le modèle
construit, la Terre est initialement représentée par une boule
blanche sur laquelle il est ensuite possible d’implémenter les
continents et le Soleil est représenté de deux manières
différentes (boule lumineuse ou rayons parallèles). L’axe de
rotation est, par défaut, placé perpendiculairement au plan de
l’écliptique ; les élèves ont ensuite la
possibilité de choisir de faire varier à l’aide d’un
curseur l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre. Ces choix,
ainsi que le mode de vue sélectionné, peuvent être
modifiés à tout moment dans le mode 2. En effet, les
élèves ont la possibilité de visualiser la Terre sur son
orbite autour du Soleil (Figure 4a), ou de zoomer sur le Système
Terre-Soleil (Figure 4b)
Figure 4a • La Terre sur son orbite
Figure 4b • Système
Terre-Soleil dans le monde 2
Une fois les éléments du modèle
sélectionnés, nous avons choisi de focaliser la réflexion
des élèves sur les deux variables révélées
comme les plus importantes lors de notre étude préalable : la
vitesse de rotation de la Terre et l’inclinaison de l’axe de
rotation de la Terre.
En effet, l’analyse réalisée lors de la phase 1 montre
qu’une hypothèse couramment avancée par les
élèves pour expliquer la variation de la durée de la
journée est la variation de la vitesse de rotation de la Terre
(Figure 5).
Figure
5 • Exemple d'hypothèse, d’un élève,
liée à la variation de la vitesse de rotation de la Terre
Aussi de manière à la prendre en compte, nous avons
souhaité laisser à la charge des élèves le
réglage de la vitesse de rotation de la Terre dans le modèle
élaboré. L’objectif est de pouvoir amener les
élèves à se questionner sur le rapport entre durée
de la journée et de la nuit en fonction de la vitesse de rotation de la
Terre. Cette phase de déconstruction des conceptions initiales des
élèves doit permettre de montrer que la variation de la vitesse de
rotation de la Terre au cours de l’année ne peut expliquer les
observations réalisées au mode 1. Le recours à
l’interface numérique présente alors une plus-value pour
déstabiliser ce type de conception. En effet, la manipulation de
matériel tangible ne permet pas de mettre en lien vitesse de rotation et
durée du jour solaire, contrairement à l’interface.
Même si l’hypothèse de l’inclinaison de l’axe
de rotation de la Terre est plus rarement spontanément
élaborée par les élèves, l’analyse a
priori des connaissances visées révèle que cet
élément est central. De plus, l’analyse des données
de la phase 1 montre que les connaissances visées sont
systématiquement construites lors de manipulations de matériels
tangibles (balles et lampe). En effet, ce qui est déterminant dans
l’interprétation des phénomènes étudiés
est la mise en lien de la surface éclairée avec la durée de
la journée. Il est donc indispensable que les élèves
parviennent d’une part à identifier la surface
éclairée sur la balle comme étant la journée et
d’autre part à comparer la longueur du trajet parcouru par un point
sur cette surface avec la durée de la journée. Autrement dit, il
s’agit de comprendre que plus la longueur de l’arc de cercle
parcourue dans la surface éclairée est grande plus la durée
de la journée est importante.
Habituellement, avec le matériel tangible, les élèves
tracent sur la balle les arcs de cercle (les tracés sont peu
précis). Certains élèves ont alors des difficultés
à estimer la longueur de l’arc dans la partie
éclairée et celle de l’arc dans la partie non
éclairée. Aussi, il leur est couramment proposé
d’utiliser des ficelles (à superposer sur les arcs tracés)
pour comparer les longueurs. De grandes difficultés ont été
constatées, et les erreurs de manipulation génèrent souvent
des erreurs d’interprétation.
C’est pourquoi, nous avons souhaité que les élèves
puissent comparer les longueurs des trajets pour des points situés sur
l’un des 6 lieux étudiés dans le mode 1 avec la
durée de la journée et de la nuit en fonction de
l’inclinaison de l’axe de rotation de la terre et ce pour les dates
significatives liées au changement de saisons (Figure 6).
Figure 6 • Comparaison des longueurs
d'arc pour trouver des durées
Dans ce mode, les élèves seront donc amenés à
mettre en œuvre différentes tâches épistémiques
(différentes de celles du mode 1) et à faire des liens entre
les deux mondes, comme en rend compte la Figure 7.
Figure 7 • Tâches
épistémiques et mondes sollicités lors de l'utilisation du
mode 2
6.4. Présentation et justification du mode 3
À l’issue du mode 2, certains éléments de
connaissances auront été construits par les élèves
lors de la mise à l’épreuve du modèle
élaboré : nécessités d’une vitesse de
rotation de la Terre constante et d’une inclinaison constante de
l’axe de rotation de la Terre pour observer une variation de la
durée de la journée dans les contextes d’observation
proposés dans le mode 1. Nous utilisons le terme de
nécessité au sens de Orange (Orange, 2012) :
le mode 2 permet aux élèves « d’explorer
et de délimiter le champ des possibles et de repérer ainsi les
conditions de possibilité des solutions, ce que nous appelons
nécessité ». Le mode 3 doit permettre à
l’enseignant de discuter avec les élèves de la part
d’apodicticité des savoirs ainsi construits. Pour cela, le
mode 3 permet de manipuler le modèle, de revenir sur
l’argumentation élaborée dans le mode 2 mais aussi
d’utiliser le modèle ainsi construit pour prévoir et/ou
vérifier de nouvelles observations possiblement réalisables dans
le mode 1. Le mode 3 servira de point d’appui pour
élaborer un texte permettant la structuration des savoirs
(Figure 8).
Figure 8 • Tâches
épistémiques et mondes sollicités lors de l'utilisation du
mode 3
7. Discussion et perspectives de recherche
Le prototype obtenu, TERRA-3D, est conforme aux
hypothèses théoriques retenues comme contraintes lors de
l’élaboration du cahier des charges. En effet, toutes les
tâches épistémiques identifiées comme
spécifiques à l’enseignement et l’apprentissage de la
physique par Buty (Buty et al., 2004) sont présentes dans les étapes proposées pour
l’utilisation de TERRA-3D. De plus, les activités proposées
impliquent à plusieurs reprises la mise en lien
d’éléments issus du monde des objets et des
évènements avec des éléments issus du monde des
modèles et théories (Figure 9). Enfin, en appui avec le
travail mené avec les enseignants partenaires, les difficultés
connues des élèves ont pu être prises en charge.
Figure 9 • Synthèse des
tâches épistémiques et des mondes sollicités lors de
l’utilisation de TERRA-3D
Toutefois, même si TERRA-3D semble conforme à nos attentes, il
nous faut désormais tester son utilisabilité puis son
efficacité au regard des apprentissages en contexte scolaire. Pour cela,
nous avons d’abord prévu des tests d’utilisabilité sur
un échantillon représentatif des utilisateurs visés de
manière à vérifier que l’artéfact
possède les affordances permettant aux élèves de manipuler
selon les modalités prévues. Puis, dans un second temps, nous
avons prévu d’organiser des observations in situ,
d’analyser les activités cognitives des élèves
d’un point de vue des activités de modélisation lors de
l’utilisation du prototype. Nous procéderons également
à des tests post-séquence relatifs à la fois aux
connaissances visées mais aussi à la connaissance de la
démarche scientifique. Ces tests seront réalisés avec des
groupes ayant utilisés TERRA-3D et avec des groupes ayant seulement eu
recours à du matériel tangible classique. Enfin, des entretiens
avec les enseignants et des focus group nous permettront de recueillir le
sentiment des utilisateurs. Ces premiers résultats nous permettront
d’envisager des modifications dans l’application et ainsi
d’engager le cycle itératif de tests conformément aux
principes méthodologiques de la DBR sur lesquels nous avons fondé
notre étude. De plus, une fois ces premiers tests réalisés,
nous élaborerons un livret pédagogique destiné à
accompagner les enseignants lors de l’utilisation de TERRA-3D. Enfin, ce
projet pourra se prolonger à travers des améliorations du
dispositif et des extensions permettant d’aborder d’autres notions
scientifiques des programmes de cycle 3.
À
propos des auteurs
Géraldine BOIVIN-DELPIEU est maitresse de
conférences en didactique de la physique à l’INSPE de
l’université de Franche-Comté. Elle développe
principalement trois axes de recherche : (1)Rôle des Environnements
informatiques pour l’apprentissage humain couplés à
l’enseignement des sciences basé sur l’investigation :
conception, réalisation et évaluation de dispositifs
numériques dans le cadre de l’enseignement des sciences physiques.
(2) Analyse didactique, principalement dans une perspective comparatiste, des
pratiques ordinaires d’enseignement et d’étude dans le cadre
de l’enseignement des sciences. (3) Rôle de
l’épistémologie pratique dans les choix didactiques des
enseignants lors de l’élaboration et l’implémentation
de séquences de sciences ; Conséquences sur la formation des
enseignants.
Adresse : Inspe Franche-Comté
57 avenue de Montjoux, BP 41665, 25000 Besançon
Courriel : geraldine.boivin-delpieu@univ-fomte.fr
Toile : https://ife.ens-lyon.fr/eduObs/web/app.php/enseignant/4115/show
Pierre JOUBERT est Professeur des Universités
en physique à l’UFR Sciences et techniques de
l’Université de Franche-Comté. Son domaine de recherche est
la spectroscopie moléculaire et plus particulièrement le
diagnostic optique des milieux en combustion. Il est responsable de
l’équipe de recherche Physique et Astrophysique de l’institut
UTINAM. Etant actif dans la formation des enseignants de physique-chimie au
niveau de l’INSPE de Franche-Comté, il s’intéresse
aussi au développement d’environnements informatiques pour
l’apprentissage humain couplés à l’enseignement des
sciences basé sur l’investigation en apportant son expertise
scientifique.
Adresse : Institut UTINAM, UMR CNRS 6213,
Université de Bourgogne Franche-Comté
16 route de Gray, 25030 Besançon Cedex
Courriel : pierre.joubert@univ-fcomte.fr
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