Modélisation didactique pour la conception
d’étayages dans un EIAH : exemple d’une activité
de conception expérimentale en biologie
Catherine BONNAT, Patricia MARZIN-JANVIER, Isabelle GIRAULT, Cédric
d’HAM (LIG, Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble
INP)
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RÉSUMÉ : Nous
présentons dans cet article une méthodologie de conception de
situation d’apprentissage en biologie, étayée par
l’EIAH LabNbook. La situation proposée aux élèves de
lycée en France (16-17 ans) consiste à concevoir et rédiger
un protocole expérimental dans LabNbook sur le thème de la
fermentation alcoolique. Notre travail s’appuie sur des travaux de
modélisation de l’activité de conception
expérimentale et sur son étayage par un EIAH, dans le cadre de la
théorie anthropologique du didactique et plus précisément
la praxéologie. Nous présentons une transposition de cette
modélisation et la situation
d’apprentissage étayée par un EIAH.
MOTS CLÉS : conception
expérimentale, EIAH, praxéologie, transposition.
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Knowledge modeling to design scaffold in a web environment |
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ABSTRACT : This
paper presents a methodology to design learning situations in Biology, scaffold
by the computer environment LabNbook. French students, aged 16-17, have to
design an experiment about the alcoholic fermentation and write the
corresponding experimental procedure in LabNbook. Our work is based on an
experimental design activity model and its scaffold by a computer environment.
We use the Anthropology Theory of the Didactic model and more specifically the
praxeology. We present the transposition of this modeling, leading to
a learning situation scaffold by a computer environment.
KEYWORDS : experimental
design, TEL systems, praxeology, transposition.
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1. Introduction
Cet article présente
une recherche sur l’étayage de l’activité de
conception expérimentale en biologie par un environnement informatique
pour l’apprentissage humain (EIAH). Plus précisément sont
étudiées les conditions de mise en place d’un diagnostic
automatique des erreurs des élèves, dans le but de proposer
ultérieurement des aides personnalisées visant
l’apprentissage.
Nous proposons d’aider les élèves à concevoir un
protocole expérimental en utilisant la plateforme numérique en
ligne LabNbook (https://labnbook.fr). Cette plateforme permet de créer
des rapports expérimentaux et comprend différents outils
numériques, dont un éditeur de protocole (Copex) utilisé
pour la conception expérimentale. LabNbook propose actuellement des
étayages fixes, qui correspondent à une structuration de
l’activité, ainsi qu’à la mise à disposition de
ressources et de consignes pour l’élève.
Les étayages fixes (Azevedo et al., 2004) visent à aider les élèves dans leur activité, mais
ces mêmes étayages fixes pourraient aussi permettre
d’analyser l’activité des élèves et de
diagnostiquer des erreurs récurrentes (obstacles) qui seraient prises en
charge par un autre type d’étayage complémentaire adaptatif.
La mise en place d’étayages fixes répond à un double
objectif dans notre recherche : aider les élèves à
concevoir un protocole communicable et pertinent (Girault et al., 2012) et préparer la mise en place d’un diagnostic automatique des
erreurs à partir de l’analyse des traces de
l’activité.
L’élaboration de l’ensemble de ces étayages
nécessite un travail didactique préalable, dont la
modélisation des connaissances en jeu dans l’activité. Pour
cela, nous avons choisi le cadre théorique de la théorie
anthropologique du didactique (TAD) (Chevallard, 1992), (Chevallard, 1999) et plus précisément l’approche praxéologique (Bosch et Chevallard, 1999) qui permet de structurer l’activité.
Cet article présente cette analyse préalable nécessaire
à l’élaboration d’une situation de conception
expérimentale dans l’EIAH LabNbook. La figure 1 représente
l’articulation des problématiques didactique et informatique dans
un processus conjoint visant la conception d’une situation
d’apprentissage implémentée dans l’EIAH LabNbook. Nous
ne décrivons ici que la partie entourée par des pointillés
noirs, qui est la première étape du travail dont l’objectif
est la conception d’étayages fixes, avant la conception
d’étayages adaptatifs actuellement en cours
d’élaboration.
Figure
1 • Positionnement de l’article dans le contexte
général de la recherche de l’équipe
L’objectif de cet article est donc de montrer comment a
été effectuée la transposition de la modélisation
didactique des connaissances dans l’EIAH étudié afin
d’étayer l’activité de conception
expérimentale. Nous montrons la pertinence du cadre théorique
choisi ainsi que la méthodologie utilisée pour effectuer cette
transposition. Nous contextualisons ce travail à une situation de
conception expérimentale en sciences de la vie et de la terre (SVT) de
terminale scientifique (TS) de spécialité SVT
(élèves de lycée de 17-18 ans, en France).
L’activité proposée aux élèves consiste
à concevoir et réaliser une expérience pour mettre en
évidence le métabolisme fermentaire chez les levures. Il
s’agit d’une activité proposée dans les programmes
scolaires (BO spécial n°8 du 13 octobre 2011), à
l’origine de difficultés chez les élèves (Bonnat et al., sous presse) et qui nécessite des aides. Nous centrons
l’étude sur la phase de conception de l’expérience par
les élèves, expérience qu’ils exécuteront
néanmoins dans un deuxième temps.
Dans cet article, nous présentons dans un premier temps notre analyse
bibliographique présentant les principales références sur
lesquelles nous nous sommes appuyés pour définir
l’activité de conception expérimentale et son étayage
par un EIAH. Puis nous présentons le cadre théorique
utilisé pour modéliser la situation, la méthodologie de
transposition appliquée à l’EIAH utilisé (LabNbook)
et enfin les résultats obtenus.
2. Nécessité d’étayer l’activité de
conception expérimentale (état de l’art)
L’activité de conception
expérimentale par les élèves est une étape
d’une démarche expérimentale. Il existe différents
modèles de cette démarche, l’un d’eux étant
celui proposé par (Pedaste et al., 2015) à partir d’une revue de la littérature. Ces auteurs
décrivent cette démarche comme étant composée des
phases d’orientation, de conceptualisation, d’investigation, de
conclusion et de discussion. Pendant la phase d’investigation, les
élèves conçoivent et réalisent des
expériences. L’appropriation de cette démarche est un des
objectifs d’apprentissage proposés aux élèves tout au
long du parcours scolaire. Cette démarche est également à
l’origine du canevas qui structure l’évaluation des
capacités expérimentales au baccalauréat (ECE). La
conception expérimentale est donc une activité au cœur des
apprentissages scolaires, qui est cependant à l’origine de
difficultés chez les élèves.
Plusieurs auteurs ont montré que les élèves sont
davantage impliqués dans la démarche quand ils conçoivent
leurs propres expériences et qu’ils en tirent personnellement des
conclusions ; cela les aide à faire des liens entre les
activités pratiques et les concepts en jeu (Coquidé, 2000), (Etkina et al., 2010).
D’autres travaux montrent que les élèves apprennent alors
des connaissances des domaines concernés et des aptitudes à mener
des démarches d’investigation expérimentales.
Néanmoins, les élèves rencontrent des difficultés
pour mener ces démarches (Marzin-Janvier, 2013).
La résolution de problèmes par la démarche
expérimentale est une tâche complexe (Girault et d’Ham, 2014), (Hmelo-Silver et al., 2007),
où les élèves peuvent perdre de vue le problème
posé, les objectifs à atteindre, et rencontrent des
difficultés dans l’écriture des protocoles (Marzin et De Vries, 2008).
Ces difficultés, à la fois méthodologiques et de nature
épistémologique, nécessitent des aides qui peuvent
être élaborées à partir de leur identification a
priori (Quintana et al., 2004).
La notion d’étayage a été largement
utilisée dans les situations d’apprentissage impliquant une
démarche d’investigation soutenue par des environnements
informatiques. On trouve dans (Zacharia et al., 2015) une synthèse de la littérature des différentes formes de
guidage pour aider les élèves qui utilisent des laboratoires en
ligne, qu’ils soient virtuels ou distants, dans le cadre d’une
démarche expérimentale en science. Ces étayages peuvent
être de forme fixes ou adaptatives (Azevedo et al., 2004).
Un étayage fixe est le même pour tous les élèves,
alors qu’un étayage adaptatif permet de répondre à un
besoin individuel d’un élève. La structuration de
l’activité par un outil informatique, qui correspond à un
étayage fixe, est un de ceux proposés par Reiser (Reiser, 2004) « une façon d’aider des
apprenants est d’utiliser l’outil pour réduire la
complexité et les choix, en fournissant une structure additionnelle
à la tâche » (Reiser, 2004, p. 283).
Il s’agit d’outils qui aident les élèves à
mener à bien un processus d’apprentissage, en structurant et
soutenant le processus dans l’activité impliquée. Ceci est
souvent utilisé quand la démarche est trop complexe ou quand les
élèves n’ont pas les compétences nécessaires
pour la mener à bien par eux-mêmes. Il est par exemple utile
d’impliquer les élèves dans des activités cognitives
telles que planifier, justifier, contrôler, évaluer, questionner,
afin de les faire réfléchir sur les actions qu’ils
réalisent.
Nous focalisons notre étude sur l’activité de conception
expérimentale, et la diversité des études sur les
étayages est moindre pour cette activité. (Puntambekar et Kolodner, 2005) ont trouvé que les élèves ont besoin de plusieurs formes de
support d’étayage pour apprendre des sciences avec succès
lors d’activités de conception. Dans l’étude de (McElhaney et Linn, 2011),
les élèves étudient les facteurs favorisant les blessures
d’un conducteur lorsqu’un airbag est présent dans sa voiture.
L’étayage aide les élèves à organiser leurs
idées avant de les tester dans une simulation. Dans une autre
étude, un étayage aide les élèves à
définir les paramètres d’une simulation : il
s’agit de l’outil “Experiment Design Tool” (van Riesen et al., 2018) dans lequel les élèves spécifient si une variable est
indépendante, dépendante ou reste constante car elle agit comme
une variable de contrôle. Une autre idée d’étayage de
la conception expérimentale est proposée par (Morgan et Brooks, 2012) ;
il s’agit d’une conception à rebours dans laquelle les
élèves commencent par spécifier les données qui
permettent de répondre à leur question, puis ils décident
des mesures nécessaires et, à la fin, ils précisent la
liste de matériel.
Dans de précédents travaux, nous avons étudié des
EIAH permettant à des élèves de concevoir une
expérience, avec une simulation intégrée. À
l’inverse des laboratoires basés sur des simulations qui donnent
une vue très simplifiée du processus expérimental —
voir par exemple (van Riesen et al., 2018),
l’expérience n’est pas configurée par un jeu de
paramètres définis, mais à travers l’écriture
d’une procédure complète qui considère le
matériel expérimental et ses contraintes. Ceci entraîne les
élèves à concevoir des expériences qui seront
ensuite réalisées soit par une simulation, soit de façon
réelle au laboratoire. Dans l’environnement Copex-chimie
(copex-chimie.imag.fr), l’étayage par structuration de la
tâche aide les élèves à écrire des protocoles
complets (Girault et d’Ham, 2014).
Les résultats ont montré que lorsque la procédure est
pré-structurée, les élèves réussissent mieux
dans la tâche demandée que lorsqu’ils ne disposent pas de cet
étayage.
3. Cadre théorique et questions de recherche
La conception d’une situation dans l’EIAH
et la mise en place des étayages nécessitent une analyse
didactique préalable, dont une modélisation des connaissances en
jeu que nous réalisons selon le modèle praxéologique (Bosch et Chevallard, 1999).
Nous montrons ci-après comment l’approche praxéologique
permet de décrire l’activité en la contextualisant à
celle de notre étude.
3.1. La praxéologie dans le cadre de la TAD
La Théorie Anthropologique du Didactique (TAD) (Chevallard, 1999) permet d’analyser le processus de transposition didactique. Elle
s’appuie notamment sur le concept d’objet et en distingue deux en
particulier, l’individu et l’institution. Elle permet de
décrire les positions que les individus occupent dans ces institutions,
mais également l’organisation du savoir au sein d’une
institution et les activités de l’élève en tant que
sujet de l’institution. « Le savoir (...), en tant que
forme particulière de connaissance, est donc le fruit de l’action
humaine institutionnelle : c’est quelque chose qui se produit,
s’utilise, s’enseigne ou, plus généralement, se
transpose dans des institutions » (Bosch et Chevallard, 1999, p. 83).
La notion d’organisation praxéologique ou praxéologie complète cette théorie par
l’apport d’une méthode d’analyse descriptive des
pratiques institutionnelles et des conditions de leur réalisation.
Cette approche considère que toute activité humaine consiste
à accomplir une tâche t d’un certain type T, au moyen
d’une technique τ, justifiée par une technologie θ,
elle-même légitimée par une théorie Θ. Une
activité peut donc être décrite à l’aide
d’une organisation [T ; τ ; θ ; Θ]
appelée praxéologie (ou organisation praxéologique) qui se
compose :
- d’un bloc practico-technique [T ; τ] qu’on
peut qualifier comme étant le savoir faire ;
- d’un bloc technologico-théorique [θ ;
Θ] qu’on peut qualifier comme étant le savoir.
Nous proposons de décrire plus précisément ces
différents éléments à l’aide d’exemples
extraits de notre situation.
3.2. Éléments de la praxéologie
Une tâche t, d’un certain type T, est ce qu’un sujet
d’une institution doit accomplir. Elle prend la forme d’un
énoncé dans un contexte précis. On fait
l’hypothèse que tout type de tâches prescrit à un
élève comme « T1 : porter et maintenir
une solution à température » admet au moins une
technique pour l’accomplir, par exemple
« τ1 : utilisation d’un bain
marie ».
Prenant en compte le contexte des EIAH dans notre étude, nous
utilisons le prolongement du modèle praxéologique proposé
dans les travaux de (Chaachoua, 2018) qui permet de décrire plus précisément la technique afin de
rendre le modèle calculable. En s’appuyant notamment sur les
travaux de (Castela, 2008),
Chaachoua définit la technique comme un ensemble de type de tâches.
Par exemple, dans notre modélisation, la technique de
T1 se décrit par un ensemble de trois types de
tâches :
- T11 : mettre la solution dans le
dispositif ;
- T12 : régler la température du
dispositif ;
- T13 : vérifier la stabilité de la
température.
Une technologie θ justifie « rationnellement » la
technique et permet de la comprendre, et donc d’accomplir les types de
tâches qui la constitue. On peut la modéliser par un ensemble
d’énoncés qui portent sur les éléments du
domaine ou non. Par exemple la technique τ1 relative au type de
tâches « T1 : porter et maintenir une suspension
à température » se justifie par la technologie
« θ1 : La vitesse de réaction de la
fermentation alcoolique est dépendante de la température. La
température optimale dépend du micro-organisme
étudié ».
Une théorie a également une fonction de justification. On passe
ainsi à un niveau supérieur de justification-explication qui peut
être modélisé par un ensemble d’énoncés.
Dans notre exemple, la technologie énoncée porte sur les
éléments des domaines de la biologie (organisme vivant) et de la
chimie (vitesse de réaction). Ils sont issus de théories que nous
ne décrivons pas davantage dans cet article.
Dans notre étude nous faisons également deux distinctions qui
prolongent le cadre de la TAD :
- Nous qualifions un type de tâches comme
élémentaire si l’institution ou l’expert du domaine
considère qu’il n’est pas nécessaire
d’expliciter la ou les techniques pour ce type de tâches (Chaachoua, 2018).
Il peut être relatif à un niveau scolaire. Par exemple dans notre
étude, ces types de tâches élémentaires sont
principalement en lien avec des gestes simples d’utilisation d’un
matériel comme « τ1 : utilisation
d’un bain marie ». Pour un élève non novice, il
n’est pas nécessaire de décrire la technique du type de
tâches relatif (« T1 : porter et maintenir une
solution à température »), qui est donc
élémentaire. L’apport de cette notion complémentaire
est nécessaire dans notre étude pour la conception de la situation
d’apprentissage et la mise en place d’étayages ciblés.
- Dans une situation de conception expérimentale,
l’élève doit proposer une suite d’actions
paramétrées. Il doit donc choisir une action et les valeurs des
paramètres qui la composent. Par exemple, une action qui consiste
à « prélever un volume de suspension »
contient deux paramètres : le volume (qui peut prendre un nombre de
valeurs infini) et la suspension (qui peut prendre différentes valeurs
comme les levures ou les bactéries). Ainsi dans la modélisation
praxéologique contextualisée à notre situation, nous
appelons « paramètre d’un type de
tâches », tout élément du type de tâches qui
peut prendre différentes valeurs. De même nous appelons
instanciation, la fixation d’une valeur d’un paramètre de
type de tâches.
3.3. Praxéologies de référence et institutionnelle
La praxéologie de référence élaborée par
le chercheur repose sur un modèle épistémologique du
savoir, c’est à dire qu’elle prend en compte les dimensions
épistémologique, didactique et cognitive. Elle est
générique et évolutive, c’est à dire
qu’en fonction de l’évolution des programmes notamment, elle
peut être enrichie et ou adaptée. Elle peut être
également modifiée et complétée si nécessaire
pour prendre en compte l’ensemble des contraintes (institutionnelle,
informatique) liées à notre étude. Il s’agit
d’une réinterprétation de la transposition didactique car
elle permet de décrire les praxéologies à enseigner,
enseignées ou enseignables, ce que (Bosch et Gascon, 2004) nomment MPR pour modèle praxéologique de référence.
Dans notre travail nous utilisons la praxéologie de
référence comme point de départ de notre
modélisation de situation d’apprentissage, néanmoins nous ne
décrivons pas dans cet article le processus de son élaboration (Bonnat, 2017).
Pour la conception de notre situation d’apprentissage nous devons
également décrire la praxéologie institutionnelle (à
enseigner). Il s’agit d’une modélisation du rapport
institutionnel des connaissances qui tient compte de ce qui est attendu par
l’institution. Pour son élaboration nous faisons une analyse
exploratoire des programmes d’enseignement et des manuels, afin de
replacer le thème enseigné et d’identifier les tâches
proposées aux élèves.
3.4. Questions de recherche
La notion de praxéologie, issue des mathématiques, a fait
l’objet de travaux en sciences expérimentales pour décrire
l’activité de conception expérimentale, notamment en chimie (Girault et al., 2018).
Cependant, elle a peu été mise à l’épreuve
pour la conception de situation étayée par LabNbook. Notre article
s’articule autour de la question de recherche suivante :
l’utilisation du modèle praxéologique nous aide-t-elle
à élaborer une situation de conception expérimentale
étayée ? Et plus précisément, les
sous-questions suivantes :
- Cette modélisation didactique est-elle transposable dans
l’environnement informatique étudié ?
- Les étayages proposés prennent-ils en compte les
difficultés des élèves de nature conceptuelle, mais aussi
les difficultés liées à la rédaction d’un
protocole ?
4. Méthodologie
Nous présentons dans cette partie la
méthodologie utilisée pour la conception d’une situation
dans l’environnement informatique LabNBook, et qui répond aux
objectifs de notre recherche (figure 1), c’est à dire :
- élaborer une situation de conception de protocole
expérimental étayée par l’EIAH
étudié ;
- élaborer des étayages fixes qui permettent la prise
en charge des erreurs récurrentes ;
- proposer une méthodologie générique,
transposable à d’autres situations d’apprentissage
intégrant une activité de conception
expérimentale.
Nous développons la méthode de transposition d’une
situation de conception expérimentale dans l’environnement
numérique LabNBook. Nous la scindons en trois parties : tout
d’abord nous présentons le travail de modélisation
didactique de la tâche contextualisée à une situation
d’apprentissage sur la fermentation alcoolique, puis nous décrivons
brièvement les spécificités de la plateforme
numérique qui doivent être prises en compte pour enfin concevoir
des étayages fixes dans l’EIAH.
4.1. Méthodologie de modélisation didactique de la
situation
Nous présentons ici le travail didactique
préalable pour l’élaboration d’une situation de
conception expérimentale dans l’EIAH (cf. figure 1
« apports de la didactique »). La méthodologie
utilisée se découpe en deux temps :
- la modélisation didactique des savoirs par
l’élaboration d’une praxéologie de
référence (non présentée dans cet
article) ;
- la modélisation d’une situation d’apprentissage
qui précise les éléments praxéologiques attendus par
l’institution scolaire dans laquelle nous nous plaçons (figure
2).
Nous présentons le travail pour le type de tâches relatif
à notre étude qui est de « proposer une
expérience qui met en évidence le métabolisme de la
fermentation alcoolique ». L’objectif est de modéliser
une situation d’apprentissage à destination des
élèves. Pour cela, à partir de la praxéologie de
référence (Bonnat, 2017) qui prend en compte l’ensemble des institutions, nous décrivons la
praxéologie à enseigner en se plaçant dans le cadre
d’une classe de lycée (figure 2). Cette phase consiste à
extraire les types de tâches de la praxéologie de
référence qui pourraient être à la charge d’un
élève de TS spécialité SVT. Ce processus se
réalise en deux temps :
- identifier les types de tâches qui sont enjeux
d’apprentissage dans la classe ciblée, et qui pourraient être
à l’origine de difficultés ;
- prendre en compte les contraintes institutionnelles qui se situent
au niveau de l’école, de la pédagogie ou de la discipline.
Figure 2 • Méthodologie de modélisation
didactique d’une situation d’apprentissage
L’élaboration de la praxéologie institutionnelle nous a
notamment permis d'identifier les enjeux d’apprentissages. Dans le cadre
de l’enseignement de spécialité SVT au lycée en
France (Bulletin officiel de l’éducation national n°8 du 13
octobre 2011), la fermentation alcoolique est un des métabolismes
étudiés. La réaction se caractérise par une
consommation de glucose et une production d’alcool et de dioxyde de
carbone, par exemple par des levures (organismes unicellulaires). La
réalisation optimale de la fermentation alcoolique par la levure est
dépendante de deux conditions du milieu qui sont la température
(autour de 25°C) et l’anaérobie stricte. À cela,
s’ajoute une analyse de la cohérence verticale des programmes
(collège et lycée), afin de définir les prérequis
des élèves sur le thème abordé.
L’identification claire de ces enjeux d’apprentissage nous a permis
de sélectionner les types de tâches, techniques et technologies
à la charge de l’élève dans le contexte d’une
classe de TS. Nous écartons les éléments que
l’institution ne considère pas nécessaire d’expliquer
(techniques des types de tâches élémentaires). Enfin, nous
distinguons les types de tâches qui se réfèrent à des
technologies dont les concepts font appel à des connaissances acquises
dans les classes antérieures. Cette distinction est nécessaire
dans l’élaboration des étayages conceptuels.
De plus, pour pouvoir aider les élèves et proposer des
étayages fixes ciblés, nous avons réalisé en amont
une analyse des conceptions et obstacles sur le thème de la fermentation
alcoolique (Bonnat et al., sous presse). Nous avons donc
identifié, pour chaque élément praxéologique
sélectionné, les possibles difficultés conceptuelles des
élèves.
Enfin, nous avons également pris en compte, dans le choix des types de
tâches et de leurs valeurs de paramètres que nous mettons à
la charge de l’élève, certaines contraintes
institutionnelles liées à l’école, aux mises en
œuvre pédagogiques et à la discipline. En effet, au niveau de
l’école certaines règles en termes de choix de
matériels s’appliquent. Par exemple, un produit comme le dichromate
de potassium, qui permet de mettre en évidence la présence
d’alcool dans une solution, est interdit en classe. Nous ne pouvons donc
pas proposer ce type de matériel aux élèves et nous
proposons un dispositif alternatif (l’alcootest) qui remplit les
mêmes fonctions et que les élèves pourront utiliser lors de
la phase de manipulation en classe. Toujours en rapport au matériel,
certains dispositifs coûteux et spécifiques de la discipline sont
rarement présents dans les établissements, ce qui est le cas
notamment des sondes à CO2 et à l’éthanol.
Nous faisons le choix de ne pas les intégrer dans notre situation, ce qui
se traduit par la non sélection de ces types de tâches ou valeurs
de paramètres. Une autre contrainte découle des attentes
institutionnelles en termes de structuration du protocole expérimental
qui restent implicites dans les programmes. En effet, l’institution ne
propose pas de modèle de référence alors qu’elle
précise un canevas général de la démarche
d’investigation qui peut être suivi par les enseignants. Nous
prenons donc en compte cette lacune institutionnelle dans les étayages
relatifs à la structuration du rapport expérimental (cf. 5.2) et
du protocole.
Cette méthodologie permet l’élaboration d’une
modélisation praxéologique de la situation qui répond aux
attentes institutionnelles et aux contraintes qui s’y
réfèrent (Bonnat, 2017).
L'identification des difficultés des élèves liées
aux objectifs d’apprentissages, permet de cibler les aides
apportées par l’EIAH. Cependant, pour pouvoir transposer la
situation dans l’environnement informatique nous devons prendre en compte
ses spécificités et ses contraintes, ce qui nous amène
à présenter la plateforme numérique utilisée,
LabNbook.
4.1.1. Spécificités de la plateforme LabNbook
La plateforme numérique LabNbook, développée par
l’équipe du LIG (Laboratoire d’Informatique de Grenoble) est
un cahier de laboratoire en ligne. L’espace de travail des
élèves est constitué de leurs rapports expérimentaux
dont la structure est définie par l’enseignant. Les étayages
proposés par la plateforme sont des étayages fixes. À
l’aide d’une interface de suivi, les enseignants peuvent consulter
l’état des rapports produits par les élèves. Pour le
chercheur, le système trace l’ensemble des activités
effectuées par les élèves dans la plateforme.
Dans de précédents travaux sur l’étayage de la
démarche d’investigation avec la plateforme LabNbook, Saavedra a
permis notamment de tester les types d’étayages proposés
pour aider les élèves dans une situation de démarche
expérimentale sur la génétique (Saavedra, 2015).
Il a montré que la structuration apportée par la plateforme aide
les élèves à mener à bien leur tâche.
Dans notre étude, nous nous centrons sur la phase de rédaction
du protocole. Nous présentons donc plus précisément les
fonctionnalités liées à cette activité, c’est
à dire les types d’étayages fixes proposés par
plateforme.
4.1.2. Présentation générale de l’éditeur
de protocole Copex
Pour produire leurs rapports dans LabNbook, les élèves
disposent de plusieurs outils dont Copex, qui leur permet d’écrire
de façon structurée des protocoles expérimentaux. Cet outil
de conception expérimentale est le support de notre étude. Copex
permet au concepteur (ici le chercheur) de mettre à disposition des
utilisateurs (ici les élèves) un « protocole »
constitué de cinq parties inhérentes à une démarche
expérimentale en sciences (figure 3) :
- la question de recherche ou objectif ;
- les hypothèses ou résultats attendus ;
- le principe de la manipulation ;
- la liste de matériel ;
- le mode opératoire.
Chaque partie est composée d’un contenu et de commentaires. La
figure 3 présente la procédure proposée par défaut
dans Copex que le concepteur peut choisir de modifier : ajouter ou
supprimer des parties, changer leurs intitulés, ou les
pré-remplir, au niveau du contenu ou des commentaires.
Figure 3 • Structuration de la démarche
expérimentale d'investigation par l’éditeur de protocole
Copex
Le « mode opératoire » constitue la
dernière partie du protocole. C’est dans cette partie que
l’élève décrit la procédure de son
expérience. Le mode opératoire est composé
d’étapes et d’actions organisées
séquentiellement et hiérarchiquement (Girault et al., 2012) que l’utilisateur peut ajouter, déplacer, modifier ou supprimer.
À l’intérieur du mode opératoire, le concepteur
peut pré-remplir des étapes et pré-structurer des actions.
Grâce à cette pré-structuration des actions, le
système a accès à la sémantique de la
procédure.
4.1.3. Pré-structuration des actions
Le concepteur peut définir des actions pré-structurées
à partir de plusieurs modèles :
- L’« action libre » est la forme la plus
simple. Elle propose une action qui est à compléter
entièrement par l’utilisateur, dans les champs
« contenu » et « commentaire ».
- L’« action avec titre imposé et contenu libre
» ajoute un titre fixe à l’action mais laisse
l’utilisateur libre de définir les champs
« contenu » et « commentaire »
comme pour l’action libre.
- L’« action avec titre imposé et contenu
structuré » (figure 4) est identique à la
précédente avec un contenu structuré :
l’utilisateur ayant choisi l’action par son titre, il peut alors
modifier son contenu uniquement au niveau de ses paramètres accessibles
par des boîtes de dialogue.
Figure 4 • Pré-structuration de
l’action dans Copex
Les paramètres de l’action peuvent être de trois types :
« valeur libre », « valeur
numérique », ou « liste à choix ».
Les listes à choix (menus déroulants) peuvent soit contenir les
éléments présents dans la liste de matériel, soit
des unités de grandeurs. Une action peut produire un nouveau
matériel qui apparaîtra alors dans les menus déroulants des
actions suivantes.
Enfin, le commentaire de l’action peut être défini en y
ajoutant une ou plusieurs phrases que l’utilisateur peut garder, modifier
ou supprimer.
La pré-structuration de la partie mode opératoire du protocole
permet à la fois d’aider les élèves dans la
rédaction d’un protocole communicable (Girault et al., 2012), (Girault et d’Ham, 2014),
mais aussi d’avoir des traces très fines de l’activité
de l’élève : choix des actions et des valeurs de leurs
paramètres. Nous faisons donc le choix dans la conception de la situation
d’utiliser uniquement le modèle d’action qui permet de tracer
les choix des élèves, c’est à dire du type
« action avec titre imposé et contenu
structuré » (figure 4).
La proposition des paramètres d’actions dans les menus
déroulants est contrainte par la liste du matériel, mais peut
être croisée avec l’analyse a priori des
difficultés issues de l’analyse didactique. Cela permettrait de
révéler des possibles erreurs, que nous avons identifiées a priori.
Nous allons donc développer dans la partie suivante, la
méthodologie de transposition du modèle didactique de
l’activité de conception expérimentale en une situation
d’apprentissage étayée dans l’EIAH
étudié.
4.2. Méthodologie de transposition et élaboration des
étayages fixes
La figure 5 présente la méthodologie de transposition des
éléments praxéologiques sélectionnés en
éléments du protocole, puis son implémentation dans
l’EIAH.
Figure 5 • Méthodologie de transposition du
modèle didactique en une situation d’apprentissage
étayée par l’EIAH étudié
Les types de tâches sont transposés en étapes du
protocole.
La technique relative à un type de tâches est composée de
types de tâches, chacun étant transposé sous la forme
d’une action qui contient un titre générique et un contenu
pré-structuré. Les paramètres du sous-type de tâches
sont transposés en paramètres d’actions qui peuvent prendre
différentes valeurs. Les valeurs de paramètres peuvent être
fixées ou laissées à la charge de
l’élève. Les propositions de choix de valeurs de
paramètres des actions, laissées à la charge des
élèves, sous la forme de menus déroulants se
réfèrent à des difficultés a priori.
Les technologies qui justifient la technique sont transposées en
justifications de l’action, et/ou peuvent être apportées dans
les documents ressources selon les concepts en jeu. Nous choisissons
d’implémenter les justifications dans la partie commentaire de
chacune des actions (figure 4) afin de les distinguer des actions du fait de
leur fonction.
Nous avons élaboré des documents ressources pour les
élèves, à partir de l’analyse des programmes, des
manuels et des attentes par rapport à l’évaluation des
capacités expérimentales au baccalauréat. L’analyse
précise des technologies, c’est à dire des savoirs en jeu,
nous amène à proposer différents niveaux
d’information :
- si le concept en jeu est considéré comme acquis,
alors nous ne donnons pas d’information dans les ressources sur le choix
des valeurs de paramètres concernées, comme par exemple le choix
du dispositif de chauffe (le bain-marie) ;
- si le concept en jeu n’est pas un des objectifs
d’apprentissage, alors nous donnons des informations au niveau des choix
de valeurs de paramètre d’action, par exemple la température
du milieu (25°C) ou bien le dispositif de mesure de l’alcool
(alcootest) ;
- si le concept en jeu est un des objectifs d’apprentissage,
alors nous donnons des informations dans les ressources au niveau des
technologies c’est-à-dire des savoirs, comme par exemple ce qui
définit le concept d’anaérobie.
Les informations de nature conceptuelle devraient aider
l’élève dans sa stratégie de résolution
à choisir précisément des valeurs de paramètre.
L’implémentation de ces éléments du protocole dans
l’EIAH et la prise en compte de ses spécificités nous
amène à proposer deux types d’étayages qui ont comme
fonction :
- de structurer la tâche avec l’éditeur de
protocole Copex ; nous faisons le choix de pré-remplir les
étapes du protocole, de proposer des actions
pré-structurées dont le choix sera justifié par
l’élève (figure 4) ;
- d’apporter un guidage scientifique expert sous la forme de
documents ressources.
5. Résultats
Nous présentons tout d’abord les
résultats de la modélisation didactique de la situation, sous
forme de praxéologie, à partir de quelques exemples. Nous exposons
ensuite les résultats de la transposition de la modélisation en
une situation d’apprentissage étayée dans Copex, en nous
appuyant sur la présentation de l’interface élève.
5.1. Sélection des éléments praxéologiques
à l’origine de la situation d’apprentissage
La modélisation didactique du type de tâches « mettre
en évidence le métabolisme de la fermentation
alcoolique » a abouti à la production d’une
praxéologie de référence sur le thème
d’étude que nous ne développons pas dans cet article (Bonnat, 2017).
Afin de proposer aux élèves une situation d’apprentissage
pertinente, nous avons contextualisé la praxéologie de
référence en sélectionnant uniquement les
éléments qui répondent aux attentes de l’institution
scolaire en France et plus précisément celles d’une classe
de TS de spécialité SVT conformément à la
méthodologie exposée.
Pour chacun de ces éléments sélectionnés, nous
avons précisé les technologies relatives, c’est à
dire les savoirs en jeu, pour lesquels nous avons identifié de possibles
difficultés d’élèves à partir d’une
analyse des conceptions et des obstacles.
Nous présentons un extrait de ces résultats dans le tableau 1.
Nous distinguons, en gras, les types de tâches que nous
sélectionnons dans notre situation et, en italique, leurs
paramètres à instancier. Nous associons pour chacun de ces
éléments les technologies relatives (numérotées de 1
à 5), c’est-à-dire les savoirs en jeu, pour lesquelles nous
avons identifié de possibles difficultés dans la
littérature.
Tableau 1 • éléments
praxéologiques à l’origine de la situation
d’apprentissage sur le thème de la fermentation alcoolique
Eléments praxéologiques |
*Type de tâches |
T2 : placer les microorganismes dans les conditions du
milieu (2) |
*Technique associée
En gras, les types de tâches à la charge des
élèves
En italique gras les paramètres à instancier |
T21 : placer les microorganismes en anaérobie (1)
T211 : maintenir l’agitation au minimum
T212 : supprimer le bulleur
T213 : fermer le contenant avec un matériel (3)
T22 : placer les microorganismes à température optimale (4) à l’aide
d’un dispositif |
*Technologies relatives
(savoirs en jeu) |
La fermentation alcoolique est réalisée par des microorganismes
tels que les levures (1) selon des conditions spécifiques : la
température et l’anaérobie stricte du milieu (2).
La diminution de l’agitation et la mise en place d’un bouchon
hermétique permettent de limiter les apports en dioxygène. Les gaz
présents dans le milieu se dissolvent dans les liquides (3).
La vitesse de réaction de la fermentation alcoolique des levures est
dépendante de la température (4). Elle est optimale à
25°C. En dessous la vitesse ralentit, au dessus de 50°C les levures
meurent. |
Difficultés identifiées a priori relatives aux
éléments praxéologiques |
(1) Confusion levures/bactéries et difficulté à associer
les levures au vivant
(2) Conception vitaliste
(3) Obstacle aperceptif du gaz (matérialité) dans le
phénomène de dissolution
(4) Difficulté à associer les levures au vivant ; concept de
chimie (vitesse de réaction) |
Certains types de tâches comme les T211 et T212 disparaissent dans l'institution scolaire du fait des contraintes
matérielles qu’elle suscite. En effet le dispositif
d’agitation magnétique, peu présent dans les lycées,
n’est pas compatible avec les matériels de chauffe disponibles
(bain-marie). Ces types de tâches ne seront donc pas pris en compte dans
l’élaboration de la situation proposée aux
élèves.
La technique du type de tâches T22 n’est pas
détaillée car elle est considérée comme
élémentaire par l’institution. En effet, la technique de
mise en route et d’utilisation du bain-marie est supposée connue
des élèves et ne nécessite pas d’être
détaillée.
L’identification des types de tâches à la charge de
l’élève, permet de préciser les savoirs en jeu
modélisés par les technologies. Le croisement avec l’analyse
préalable des conceptions et des obstacles recensés dans la
littérature a permis de distinguer, dans les technologies, les concepts
à l’origine de difficultés pour les élèves.
Par exemple, le concept de gaz mobilisé dans le type de tâches
T21, est un obstacle fort identifié dans les travaux de (Stavy, 1990) et (Laugier et Dumont, 2004).
Les auteurs révèlent une difficulté chez les
élèves à considérer les gaz comme étant de la
matière du fait de son imperceptibilité. Les gaz ne sont donc pas
pris en compte dans les échanges de matières constitutifs des
métabolismes, ni même dans certains phénomènes comme
la dissolution. Ce dernier obstacle qualifié d’aperceptif renvoie
à d’autres travaux plus anciens. En effet, dans son étude,
Séré (Séré, 1986) a relevé chez des élèves de 6ème l’idée
que les gaz n’agissent que lorsqu’ils sont en mouvement, si bien que
pour eux, les gaz présents dans une enceinte fermée ne se
dissolvent pas. Nous faisons l’hypothèse que ces difficultés
pourraient se traduire dans les protocoles des élèves par une
stratégie de résolution ou bien des choix de valeurs de
paramètres erronés comme par exemple des contenants non
bouchés ou des volumes de solution non adéquats. Nous avons
réalisé ce travail de mise en relation des éléments
praxéologiques avec l’analyse des conceptions et des obstacles pour
l’ensemble des tâches relatives à la situation. Cette analyse a priori a été utilisée dans
l’élaboration d’étayages conceptuels sous la forme de
documents ressources qui ont comme fonction d’apporter des informations
scientifiques expertes.
Cette étape de modélisation a permis l’élaboration
d’une praxéologie contextualisée à la situation
d’apprentissage destinée à des élèves de TS
spécialité SVT. La deuxième phase de conception de la
situation consiste à transposer ce travail didactique dans
l’environnement numérique en prenant en compte ses
fonctionnalités spécifiques. Nous présentons à
présent les résultats de cette transposition.
5.2. Résultats de la transposition du modèle
praxéologique en une situation d’apprentissage étayée
par LabNbook
Nous avons décrit en 4.2 le logiciel Copex qui permet de structurer
des protocoles expérimentaux en étapes et en actions
paramétrées. Les résultats de la transposition nous
amènent à proposer aux élèves une structuration de
l’activité de conception de protocole expérimental sur la
mise en évidence de la fermentation alcoolique en cinq étapes,
pour lesquelles nous avons défini dix actions
pré-structurées.
Nous exposons dans le tableau 2 un exemple de transposition sur un type de
tâches, c’est-à-dire la correspondance entre les
éléments de la modélisation praxéologique (colonne
A) et les éléments implémentés (une étape et
deux actions) dans Copex (colonne B). Pour chaque action, des valeurs de
paramètres (indiqués par des lettres) sont à choisir dans
une liste de propositions. De plus, certains choix d’action et/ou de
valeurs de paramètres sont à justifier.
Tableau 2 • Transposition du
modèle praxéologique
(A) Éléments de la praxéologie
sélectionnés |
(B) Éléments du protocole dans la situation
d’apprentissage |
Type de tâches T |
T2 : Placer les microorganismes dans les conditions du milieu. |
Etape |
Placer les microorganismes dans les conditions du milieu. |
Techniques de T |
T213 : Fermer le contenant avec un matériel adapté.
T22 : Placer les microorganismes à température optimale
à l’aide d’un dispositif. |
Actions* |
(1) Fermer un contenant : Je place (a) sur le tube à essai de la
(b).
(2) Porter et maintenir une solution à température : Placer
(a) à (b)°C. Pour cela j’utilise (c). |
Technologies |
La diminution de l’agitation et la mise en place d’un bouchon
hermétique permettent de limiter les apports en dioxygène.
Les gaz présents dans le milieu se dissolvent dans les liquides. |
Documents
ressources** |
(1) Chez les levures, lorsqu’elles sont placées en condition
anaérobie (privées de dioxygène), le métabolisme
fermentaire va prendre le pas sur celui de la respiration.
(2) La fabrication d’une bière est favorisée par une
température proche de 25°C. |
La vitesse de réaction de la fermentation alcoolique des levures est
dépendante de la température. Elle est optimale à
25°C. En dessous la vitesse ralentit, au-dessus de 50°C les levures
meurent. |
Justifications de l’action/
paramètre*** |
(1) Je réalise cette action afin de (limiter/augmenter) les apports
en dioxygène : la suspension est en
(aérobie/anaérobie).
(2) J’ai choisi cette température car il s’agit de la
température (létale/optimale). |
*les titres des actions (en gras) sont numérotés et les
paramètres d’actions à choisir sont
représentés par une lettre.
** Extrait d’un des documents ressources. Les apports
d’informations portent sur les concepts en jeu de certaines actions
(numéro de l’action concernée).
*** les justifications portent sur certaines actions (numéro de
l’action concernée).
Nous explicitons à présent ces choix de structuration en lien
avec nos questions de recherche. Nous illustrons nos propos avec la
présentation de l’interface destinée aux
élèves.
5.2.1. Pré-structuration des étapes du protocole
Nous avons fait le choix d’imposer aux élèves les cinq
étapes du protocole afin de leur donner la structure du protocole
qu’ils doivent décrire (figure 6).
Figure 6 • Les 5 étapes du
protocole
Il revient aux élèves d’ajouter les actions qu’ils
estiment nécessaires pour réaliser chacune des étapes.
5.2.2. Pré-structuration des actions du protocole
Pour l’ajout d’actions, les élèves disposent
d’une liste de dix actions sélectionnables par leurs titres (figure
7).
Figure 7 • Actions proposées
pour l’ensemble des étapes
Nous expliquons à présent les écarts de formulation
constatés entre les éléments praxéologiques de la
modélisation et les éléments du protocole de la situation.
Lors de la conception des actions pré-structurées, nous avons
parfois fait le choix de regrouper des types de tâches de la
praxéologie de référence dans une même action, comme
« prélever et verser une solution dans un
contenant ». Nous le discutons en 6.1. De plus, nous avons
adapté les intitulés des types de tâches correspondants de
la praxéologie. En effet, les titres des actions doivent être
suffisamment génériques pour être utilisés dans
différentes étapes. Par exemple, les actions
« prélever une solution » ou « fermer un
contenant » peuvent être utilisées dans plusieurs
étapes du protocole. L’élève choisit dans cette liste
d’actions celle(s) qu’il souhaite faire apparaître dans son
protocole.
5.2.3. Pré-structuration des paramètres de l’action
Une fois l’action sélectionnée,
l’élève la complète en remplissant les champs
laissés à sa charge. Les valeurs de paramètres peuvent
être fixées ou laissées à la charge de
l’élève. Nous avons adapté le contenu de certaines
actions afin de répondre à des contraintes institutionnelles
liées à l’expérimentation en classe. Par exemple,
nous avons fixé certaines valeurs de paramètres en lien avec le
matériel disponible en classe, comme le contenant « tube
à essai de 40 mL », car c’est le seul contenant
disponible en grande quantité.
Les propositions de choix de valeurs de paramètres, pour les actions
laissées à la charge des élèves, se
réfèrent à des difficultés a priori identifiées dans la littérature. Ces propositions sont
présentées sous la forme de de menus déroulants. Nous en
présentons un exemple en figure 8.
Figure 8 • Exemple de valeurs du
paramètre « nature de la solution », proposées
pour l’action “porter et maintenir une solution à
température”
Dans la figure 8, l’action « porter et maintenir une solution
à température » contient un menu déroulant pour
le choix de la solution (a). Les valeurs mises à disposition sont en lien
avec des difficultés recensées dans la littérature (tableau
1). En effet nous proposons deux types de suspensions, l’une contenant des
levures (réponse attendue), l’autre des bactéries. Cette
dernière proposition fait référence à une confusion
chez les élèves entre les microorganismes, relevée
notamment dans les travaux de (Schneeberger et Rodriguez, 1999).
Nous proposons aussi des solutions dépourvues de microorganismes, ce qui
fait référence cette fois-ci à un obstacle
épistémologique sur la nature du vivant (Simard et al., 2014), (Schneeberger et Rodriguez, 1999).
Ainsi, à chaque difficulté identifiée a priori,
correspond une ou des actions pré-structurées, comportant des
choix de valeurs de paramètres proposées en conséquence.
Ceci nous permettra par la suite, en fonction des différentes
combinaisons choisies, de réaliser un diagnostic plus fin des erreurs sur
les difficultés identifiées a priori.
Par ailleurs, pour certains choix de valeurs de paramètres qui
mobilisent des connaissances non requises, nous proposons un étayage fixe
à travers quatre documents ressources que l’élève
peut consulter à tout moment et qui proposent différents niveaux
d’information, selon la méthodologie présentée en
4.3.
5.2.4. Pré-structuration de la justification de l’action
Les technologies, c’est-à-dire les savoirs en jeu, ne sont pas
uniquement apportées sous la forme d’informations à
disposition des élèves dans les documents ressources, mais sont
également mobilisées par les élèves pour justifier
des choix d’action ou de valeur de paramètre.
En effet, pour certaines actions, une justification est demandée. Dans
l’interface, elles se distinguent des actions à la fois par leur
localisation dans l’action pré structurée, mais
également par la couleur (bleue). Elles se présentent uniquement
sous la forme de phrases, dont les termes, à choisir par les
élèves, se trouvent entre parenthèses. Il n’est
actuellement pas possible de pré-structurer avec des champs vides ou des
menus déroulant la partie commentaire de l’action.
Nous avons fait le choix de proposer entre parenthèses des
éléments de savoir qui traduisent des connaissances
mobilisées par les élèves, ou bien des conceptions
identifiées a priori (cf. tableau 2 du 5.1). Par exemple,
l’action (3) présentée en figure 9, « Porter et
maintenir une solution à température », propose de fixer
la valeur de la température sous la forme d’un champ libre à
compléter. Il ne s’agit pas d’une connaissance requise, nous
mettons à disposition de l’élève la valeur du
paramètre température dans les documents ressources.
Néanmoins, nous demandons à l’élève de
justifier l’importance du choix de la température avec la
justification pré-structurée « J’ai choisi cette
température car il s’agit de la température
(létale/optimale) ». Après avoir spécifié
la température, l’élève devra choisir l’un des
mots proposés dans la justification (létale ou optimale). Nous
faisons donc l’hypothèse que la pré-structuration des
justifications inciterait les élèves à faire du lien entre
les connaissances et participerait à la production d’un protocole
pertinent.
Figure 9 • Exemple de justification
pré-définie pour l’action « porter et maintenir
une solution à température »
6. Discussion
Nous discutons les
résultats obtenus au regard de la question principale de recherche :
l’utilisation du modèle praxéologique nous aide-t-il
à élaborer une situation de conception expérimentale
étayée par un EIAH ?
6.1. Utilisation du cadre de la praxéologie pour la conception
d’une situation
L’objectif de notre recherche était de proposer une situation
d’apprentissage dans LabNbook afin d’aider les élèves
à concevoir une expérience en biologie. Nous nous sommes
appuyés pour cela sur une modélisation praxéologique des
connaissances, novatrice dans ce domaine. Nous avons fait
l’hypothèse qu’il s’agit d’un modèle
compatible pour décrire l’activité de conception
expérimentale et transposable dans l’EIAH choisi. Les
résultats de notre étude ont montré la pertinence de ce
modèle pour concevoir une situation d’apprentissage
étayée par l’EIAH. En effet, ce cadre permet de
décrire finement l’activité, ce qui rend possible
l’identification des tâches destinées aux
élèves au sein d’une institution. L’analyse
croisée des conceptions et des obstacles avec la modélisation
praxéologique rend compte des possibles difficultés des
élèves, ce qui participe à la réalisation
d’étayages ciblés sur certains concepts. Même si nous
avons centré notre étude uniquement sur la mise en évidence
du métabolisme de la fermentation alcoolique, nous envisageons
d’étendre la praxéologie de référence au
secteur afin de prendre en compte l’ensemble des métabolismes
étudiés, ce qui permettrait un meilleur diagnostic des
difficultés rencontrées par les élèves.
Les résultats de la transposition de la modélisation
praxéologique en une situation d’apprentissage ont cependant mis en
avant certaines limites. Nous avons pointé en 5.2.2 des écarts
entre le modèle praxéologique et la situation
implémentée, ce qui révèle une des limites de la
méthodologie de transposition proposée. En effet, la
praxéologie décrit précisément
l’activité sous la forme de types de tâches
« simples », correspondant à un geste manipulatoire
indépendant (par exemple, T : fermer le contenant). La transposition
stricte de ce modèle aurait dû nous conduire à proposer
une liste à choix d’actions « simples ». Or
dans notre situation nous avons proposé une action
« double » qui résulte de la transposition de deux
types de tâches distincts (T : prélever une solution et
T : verser une solution dans un contenant). Nous justifions ce choix par
une contrainte liée au type d’activité proposée. En
effet, la conception expérimentale peut traduire des gestes
manipulatoires dépendant des contraintes du milieu. Dans cet exemple, le
geste qui consiste à prélever avec une pipette un certain volume
de solution est couplé au geste qui consiste à verser ce volume
dans un contenant. Concrètement en salle de travaux pratiques, la
rétroaction du milieu (pipette remplie) associe implicitement deux gestes
manipulatoires ce qui rend les deux actions dépendantes l’une de
l’autre. Nous faisons l’hypothèse que les
élèves ne décomposent pas ce geste qu’ils
considèrent comme étant une seule et même action. Nous avons
donc fait le choix, dans un premier temps, de regrouper et de transposer ces
deux gestes manipulatoires dépendants sous la forme d’une seule
action du protocole afin de donner davantage de sens à l’action.
Cette limite de notre modèle de transposition a fait l’objet
d’expérimentations en classe (Bonnat, 2017).
Nous avons en effet testé deux types de transpositions : l’une
avec des actions dites « simples » (une seule tâche)
et l’autre avec des actions « multiples » (qui
regroupent plusieurs tâches). Les résultats montrent que pour cette
action (prélever une solution), les élèves
s’approprient davantage l’action double pour produire des protocoles
pertinents. Pour les autres actions, les résultats sont plus
mitigés, ce qui ne nous permet pas actuellement de
généraliser nos propos.
6.2. Etayages de l’activité de conception expérimentale
dans LabNbook
À partir d’une modélisation didactique, nous avons
conçu une situation d’apprentissage étayée dans
l’outil Copex qui permet de rédiger un protocole
expérimental.
Nous attribuons à la pré-structuration du protocole dans Copex,
un premier rôle qui est d’amener les élèves à
rédiger un protocole communicable, et plus spécifiquement nous
nous intéressons à la structuration, selon les critères
d’évaluation développés dans (Girault et al., 2012).
Il est à noter qu’il n’existe actuellement aucune
référence institutionnelle, dans les programmes de SVT au
lycée, permettant de définir ce qui est attendu des
élèves. Nous nous posons donc la question de l’appropriation
par les élèves d’une telle pré-structuration pour la
production de leur protocole. Cette question est discutée dans (Kirschner et al., 2006) et (Hmelo-Silver et al., 2007).
En effet, le type d’étayage proposé, qui ferme la situation,
pourrait nuire à la créativité et à la
réflexion recherchées dans ce type d’activité (Arce et Betancourt, 1997).
Toujours en rapport avec l’interface proposée, mais cette
fois-ci au niveau de la structuration des actions, nous pourrions aussi nous
poser la question de la surcharge cognitive. En effet,
l’élève doit mobiliser des connaissances à la fois
pour choisir des valeurs de paramètres et pour rédiger des
justifications. Nous avons proposé cette activité dans le but
d’aider les élèves à faire des liens entre les
savoirs pour donner du sens à l’activité (Etkina et al., 2010), (Tiberghien, 2000),
mais ce niveau de pré-structuration aide-t-il les élèves
dans cette tâche complexe qui sollicite la matrice cognitive (Coquidé, 2000) ?
À la suite de cette remarque, nous étudions un deuxième
rôle des étayages fixes mis en place, qui est d’aider les
élèves à concevoir un protocole pertinent qui permette de
répondre aux objectifs de la situation. Nous faisons
l’hypothèse que la liste de choix des actions et de certains
paramètres les aide à mobiliser des connaissances et ainsi
à proposer un protocole pertinent.
Enfin, la prise en compte des difficultés a priori dans la
pré-structuration, sous la forme de propositions de valeurs de
paramètre, pourrait, par le choix de certaines valeurs erronées,
faire apparaître des conceptions d’élèves. En effet,
comme le montrent les résultats de travaux en biologie (Azevedo et al., 2004) et en chimie (Girault et d’Ham, 2014),
les étayages fixes n’aident pas suffisamment les
élèves dans leurs démarches de résolution,
contrairement aux étayages adaptatifs. Cela conforte la mise en place
d’un étayage complémentaire sous la forme de
rétroactions personnalisées dans Copex. L’analyse des
erreurs récurrentes permettrait alors de cibler ces étayages
adaptatifs, afin de décharger l’enseignant qui pourrait se
focaliser sur d’autres aspects non pris en charge par la plateforme.
Cependant, la question de la place respective des étayages
informatiques et des étayages proposés par l’enseignant dans
ce type de situation de conception expérimentale se pose. Nous nous
demandons en effet comment l’activité de conception
expérimentale pourrait être étayée par
l’environnement informatique en tenant compte des rétroactions
apportées par la manipulation et par l’enseignant.
7. Perspectives
Les questions
soulevées dans cette discussion, notamment sur l’appropriation de
la pré-structuration et les apprentissages, ont été
traitées lors de la mise en œuvre de la situation en classe en 2016.
En effet, ce travail a permis l’élaboration de trois situations
proposant des niveaux d’étayages différents portés
sur la pré-structuration des étapes, des actions et des
justifications. Nous avons testé ces trois situations dans des classes de
terminale scientifiques de spécialité SVT, avec comme objectifs de
valider l’utilisation par les élèves des
pré-structurations proposées, de montrer leur impact sur les
apprentissages, sur la pertinence et la communicabilité des protocoles
produits par les élèves (Bonnat et Marzin, 2017).
Les résultats ont également permis de repérer des erreurs
tenaces identifiées dans la littérature et qui nécessitent
la mise en place d’un étayage complémentaire.
Le cadre de la praxéologie utilisé permettrait également
la mise en place d’un étayage adaptatif. Pour cela, nous nous
appuyons sur le modèle de praxéologies personnelles décrit
en mathématiques dans (Croset et Chaachoua, 2016).
En effet, il prend en compte les erreurs a priori des
élèves en modélisant, pour un type de tâches, les
techniques et les technologies alternatives que pourraient proposer des
élèves. Nous avons par ailleurs réalisé ce travail
pour la situation d’apprentissage sur la fermentation alcoolique (Bonnat, 2018).
Ce travail participera à l’élaboration d’un diagnostic
automatique des erreurs, à partir des traces de l’activité
de l’élève correspondant à un choix de valeur de
paramètre erronée, et à l’élaboration de
rétroactions personnalisées.
L’ensemble de ces résultats a conduit à
l’élaboration d’une nouvelle simulation en ligne
développée dans le cadre d’un projet de recherche et en
cours de réalisation. La simulation propose à
l’élève une activité de conception
expérimentale sur la fermentation alcoolique. L’élève
choisit son matériel et rédige son protocole expérimental,
les résultats expérimentaux correspondant au protocole de
l’élève étant fournis par la simulation. Nous avons
implémenté des étayages adaptatifs complémentaires
aux étayages fixes. Les étayages adaptatifs sous la forme de
rétroactions personnalisées à l’élève
sont proposés à partir d’un diagnostic automatique des
erreurs des élèves issu de l’analyse des traces de
l’activité, comme les choix des actions et des paramètres
d’actions. Cette simulation sera mise prochainement à
l’épreuve dans des classes de lycée. Cela permettra de
valider la modélisation didactique utilisée. Nous avons
également le projet d’élargir les situations
proposées à l’ensemble des métabolismes cellulaires
en nous basant sur la même méthodologie.
À
propos des auteurs
Catherine Bonnat est actuellement attachée
temporaire d’enseignement et de recherche à
l’université Grenoble-Alpes dans le domaine des EIAH et dispense
ses enseignements à l’ESPE de Grenoble. Initialement professeure
titulaire de sciences de la vie et de la terre, elle a soutenu sa thèse
en didactique des sciences expérimentales « étayage de
l'activité de conception expérimentale par un EIAH pour apprendre
la notion de métabolisme cellulaire en terminale scientifique »
en 2017. Ses recherches s’orientent vers deux des axes de
l’équipe de recherche du laboratoire : la modélisation
de l’activité de conception expérimentale en biologie et la
conception d’EIAH pour aider les élèves dans cette
tâche complexe.
Adresse : Université Grenoble
Alpes, LIG-MeTAH, Bâtiment IMAG - CS 40700 - 38058 GRENOBLE CEDEX 9
Courriel : Catherine.bonnat@univ-grenoble-alpes.fr
Toile : https://cv.archives-ouvertes.fr/catherine-bonnat
Patricia Marzin-Janvier est maître de
conférences HDR, à l’Université Grenoble Alpes-ESPE (Ecole
Supérieure du Professorat et de l’Education) de
l'académie de Grenoble. Les recherches menées sont centrées
sur les mécanismes de transmission et d’appropriation de savoirs
principalement en biologie, et sur la conception et l’évaluation
d’outils technologiques pour l’apprentissage. Ses
problématiques actuelles portent sur l’analyse de
l’activité de conception expérimentale et
l’étayage de la démarche d’investigation
expérimentale par des environnements informatiques. Elle travaille
également sur le diagnostic épistémique automatique
réalisé par un environnement informatique, ceci dans le but
d’aider des élèves à concevoir des expériences
en sciences expérimentales. Ses travaux ont contribué à la
conception des logiciels Copex de la plateforme d’apprentissage LabnBook
(LabnBook.fr), et de la plateforme SCY-Lab (www.scy-net.eu).
Adresse : Université Grenoble
Alpes, LIG-MeTAH, Bâtiment IMAG - CS 40700 - 38058 GRENOBLE CEDEX 9
Courriel : Patricia.marzin@univ-grenoble-alpes.fr
Toile : https://cv.archives-ouvertes.fr/patricia-marzin-janvier
Isabelle Girault est maître de
conférence en didactique des sciences à l’université
Grenoble Alpes, dans le domaine des EIAH. Dans le cadre de l'apprentissage des
sciences expérimentales par la démarche d'investigation, ses
travaux de recherche sont centrés sur la conception expérimentale.
Ses études impliquent d'une part la modélisation de la tâche
de conception expérimentale en sciences et d'autre part la conception et
l'évaluation d'environnements informatiques pour l'apprentissage humain
(EIAH) pour étayer cette conception expérimentale.
Adresse : Université Grenoble
Alpes, LIG-MeTAH, Bâtiment IMAG - CS 40700 - 38058 GRENOBLE CEDEX 9
Courriel : isabelle.girault@univ-grenoble-alpes.fr
Toile : https://cv.archives-ouvertes.fr/isabelle-girault
Cédric d’Ham est maître de
conférences à l’université Grenoble Alpes dans le
domaine des Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain. Ses
travaux explorent la transposition des démarches expérimentales et
scientifiques dans l’enseignement et, en particulier, la tâche de
conception d’expérimentation par les apprenants : conditions
de réussite, connaissances mises en jeu et apprentissages
réalisés. Il a conçu et développé plusieurs
environnements informatiques avec divers étayages, dont la
finalité est que les apprenants conçoivent leurs propres
expérimentations : copex-chimie.imag.fr, titrab.imag.fr, labnbook.fr .
Adresse : Université Grenoble
Alpes, LIG-MeTAH, Bâtiment IMAG - CS 40700 - 38058 GRENOBLE CEDEX 9
Courriel : cedric.dham@univ-grenoble-alpes.fr
Toile : https://labnbook.fr/page-perso-cedric-d-ham/
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